Qui a dit que les gamers étaient des êtres asociaux, des boutonneux cloîtrés chez eux, des geeks ne communiquant que sur des forums? Déjouant tous les clichés, les habitués de la Vi$$Lan ont une nouvelle fois quitté leur foyer entre les fêtes pour venir retrouver leurs acolytes. «Aujourd’hui, nous avons tous de bonnes connections internet, on pourrait très bien rester chacun chez-soi et jouer ensemble sur le net», nous confie Mattia Della Corte avant de poursuivre: «mais on préfère se retrouver, jouer et déconner ensemble, c’est plus sympa.»
120 heures de jeu
Les plus impatients pouvaient venir s’installer le 26 décembre à 00h01. Quand les organisateurs sont arrivés à la Salle communale de Court, un joueur attendait déjà devant la porte, au froid depuis plus d’une heure! Prêts à enchaîner une centaine d’heures de jeu pour les plus endurcis, la plupart des participants sont venus avec leur sac de couchage. La simple vision de ces marathoniens qui se lèvent au compte-gouttes après une longue nuit de jeu vaut d’ailleurs le détour: «Bon, assez dormi, je ne suis pas venu ici pour faire des pauses», baragouine un joueur au réveil, les traits tirés.
Jouer pour le fun, pour la vi$$e!
Il suffit de passer les portes de la Vi$$Lan pour s’en rendre compte: les jeux vidéo, c’est avant tout une histoire de convivialité.
Ici, il n’y a guère de place pour la compétition. Les joueurs viennent avant tout pour s’amuser. Chaque année, quelques tournois sont organisés mais il n’est jamais question de véritable compétition. À l’occasion de cette 16ème édition de la Vi$$Lan, rebaptisée «Vi$$LanPocalypse» pour l’occasion, un tournois du jeu de stratégie futuriste «Warhammer 40’000: Dawn of War» a été mis sur pied. Les joueurs se sont affrontés par équipe de trois et les finales ont été retransmises par un projecteur dans la salle d’à côté; l’ambiance était alors à son comble. Contre toutes attentes, c’est l’équipe d’outsiders qui s’est imposée face aux favoris au terme d’une finale épique disputée en deux manches. «Je ne m’attendais vraiment pas à ce qu’ils gagnent», nous souffle Mirko Dell’Anna, l’organisateur du tournois.
L’année de tous les records
Après 15 éditions, l’organisation de la Vi$$Lan est bien rôdée. Au fil des ans, le matériel s’est aussi allégé: «Quand on pense qu’il y a encore quelques années on débarquait tous avec nos gros écrans cathodiques», se souvient Frédéric Felgentreff, président de l’association, plus connu sous le pseudonyme de Primeur. Mais pas question pour les 7 membres du staff de se reposer sur leurs lauriers. Cette année, la Vi$$Lan a connu son record d’affluence. Avec 65 joueurs inscrits, il a fallu bosser. «On a dû repenser l’organisation de la salle, la disposition des tables et des multiprises, avec autant de participants, on atteint gentiment nos limites en termes de capacité», nous confie Mourad Allaf, responsable de la location de la salle. Car en plus des kilomètres de câbles, il faut penser au ravitaillement: «On a jamais vu ça! Les congélateurs n’ont jamais été aussi remplis. On a atteint le record de pizzas congelées», sourit encore Primeur.
En effet, pour survivre à cinq jours de jeu, il faut de quoi tenir. Et comme vous pouvez l’imaginer, le régime du joueur moyen est des plus sains: energy drink, bières, chips, pizzas, lasagnes et autres plats précuits… Il faut bien chercher pour trouver un repas équilibré entre ces murs: «Cette année, j’arrête les conneries, j’ai pris des salades», nous dit Punnoreak Sun, un habitué de la manifestation.
Étymologie
Mais en fait, pourquoi «Vi$$Lan»? Il s’agit d’un néologisme composé de deux mots: «Vi$$e» et «Lan». Si l’acronyme LAN – Local Area Network en anglais, signifiant «réseau local» – est facilement compréhensible, nous ne pouvons pas en dire autant du mot qui le précède. Alors, qu’est-ce que la Vi$$e? Pour répondre à cette question, nous nous sommes tournés vers Gerson Minello, dit «Minouts» ou encore «le messie de la Vi$$e»: «Pour donner une définition de la Vi$$e avec un grand F comme je la vois, je dirais qu’elle correspond à un état d’isolement inconscient, intense et jouissif de l’esprit durant lequel on perçoit différemment les choses qui nous entourent. On se découvre des aptitudes insoupçonnées, le tout sans se soucier de l’image et du temps.»
C’est tout de suite plus clair, non?
Un grand merci à l’équipe de LanValley!