Je vous livre un récit de cette nouvelle aventure, tel que relaté dans mon journal de chasse:
4 h 45: Le réveil sonne. Le thermomètre affiche 11 degrés. Je regrette ma témérité.
5 h 30: Je retrouve mon collègue photographe et René Kaenzig, chasseur chevronné, à la gare de Crémines. Pas chasseuse moi-même, du moins pas de ce genre de mammifères, j’ai besoin de son fusil. Et de ses conseils. René est titulaire du permis de chasse depuis l’an 2000.
5 h 45: Arrivée au lieu dit «La Loge», à Raimeux. La brume embaume la montagne. Je suis René à travers pâturages, quand celui-ci me prévient: «Attention, il y a un fil barbelé à enjamber». Je ne vois pas le fil, il fait toujours nuit noire. Je procède à tâtons, afin de ne pas me faire embrocher moi-aussi.
5 h 57: Nous nous posons à l’abri sous un arbre en attendant que le jour se lève. J’en profite pour déplier mon imperméable afin de m’installer confortablement. Je pose la main sur une limace. La pluie se met à tomber. Un vrai temps de cochon.
6 h 17: La chasse est ouverte! En effet, il n’est autorisé de tirer qu’à partir d’une heure avant le levé du soleil, qui se levait ce jour-là à 7 h 17.
Nous quittons notre planque pour aller à la rencontre des animaux. Notre guide pratique la chasse à l’indienne, qu’on appelle aussi la pirsch. Elle consiste à aller chercher l’animal, au contraire de celui à l’affût, qui dépose simplement un épi de maïs en attendant qu’un suidé montre son groin. Trop facile. Le sanglier ne voit pas les couleurs, mais il voit les contrastes. Il est doté d’une bonne ouïe, et d’un bon odorat, mais sa mauvaise vue nous avantage.
Le jour se lève petit à petit, à chaque nouveau lumen nous découvrons un peu plus l’environnement qui nous entoure. Nous nous déplaçons dans l’ombre de la cime des arbres, en essayant de nous fondre autant que possible dans la nature.
6 h 59: Une famille de sanglier forme une compagnie. C’est les jeunes mâles qu’il faut attraper, car leur viande est meilleure. Comme souvent dans le règne animal, c’est la femelle qui est la patronne. J’aurais dû être chevreuil.
7 h 38: Les traces et les dégâts laissés par notre gibier sont multiples. Elles témoignent de la puissance de ces animaux, qui peuvent courir jusqu’à 60 km/h et qui sont décrié pour les dommages qu’ils causent dans nos cultures. Il est permis de le chasser cette année entre le 2 août et le 31 janvier. Cet animal n’ayant pas de prédateur, il est nécessaire de la traquer dans un souci de régulation. Il y en a une trentaine qui se promène sur le Raimeux, mais seuls cinq ou six sont «tirés» par année. Une denrée rare, comparée à la trentaine de chamois et la centaine de chevreuils abattus.
7 h 53: Nous commençons à nous faire une raison. En tant que chasseur on n’est jamais déçu de rentrer bredouille, ce qui est le plus souvent le cas. Moi, je ne suis pas chasseuse. Mais je suis quelque peu soulagée d’être épargné du spectacle de René vidant cette pauvre bête sous mes yeux.
8 h 12: Je profite de la ballade du retour pour questionner notre chasseur à propos de ses motivations: «Le coup de fusil n’est pas le truc en soit, il ne se fait jamais sans émotion. Nous sommes avant tout des passionnés de nature. Nous avons un grand respect pour la bête que nous tuons. Un chasseur tire peut-être seulement cinq coups de fusil par saison de chasse, mais par contre il en tire trois-cents au stand de tir ou sur cible mobile lors de mise en situation. Les tests sont très poussés».
8 h 27: Au détour de la conversation, j’apprend qu’il y a trois ou quatre lynx qui rôdent sur le Raimeux.
8 h 49: Ce bougre de Saint-Hubert n’aura pas été avec nous.
En savoir plus sur la chasse:
La confrérie Saint-Hubert du Gran-Val
Le journal de chasse de René Kaenzig