Pratiqués, tolérés, ignorés, décriés par les uns et les autres, les coups de klaxons font jaser et les arguments de chaque partie ont de quoi donner un sacré casse-tête à nos gardiens de l’ordre.

Pour

Expression de la fierté d’avoir vu son équipe favorite s’illustrer et gagner, l’art de klaxonner est une démonstration de joie spontanée et une manière sympathique de célébrer en communion cette victoire. Pour une fois qu’il y a un peu d’animation dans une ville rarement en transe, profitons-en pour s’amuser. Un Euro ou une Coupe du monde, ce n’est pas si souvent. Alors saluons cette manière ludique d’informer la population du résultat final. Le centre-ville est fait pour y vivre, les bagnoles n’envahissent pas les quartiers résidentiels. Sans conter que se ne sont pas encore les 24h de la ville, mais en général que quelques minutes de tintamarre.

Le sport a cette vertu de faire oublier, l’espace de quelques instants, les soucis du train-train quotidien et d’unifier les individus dans une même euphorie. Des moments où, dans l’ivresse de la joie, la population d’un pays augmente de manière éphémère. Une joie souvent communicatrice. Il n’est donc pas nécessaire de faire tout un drame pour quelques bruits sonores au milieu d’une ambiance conviviale.

Car finalement, parmi tant d’autres possible, le fait de klaxonner n’est-il pas une façon saine de se manifester, quand on voit sur quel genre d’autres débordements peut déboucher des scènes de liesse entre supporters ?

Contre

Implicitement, la Loi sur la circulation routière est formelle, klaxonner est interdit. Tout comme le tapage nocturne. Mais apparemment quand même autorisé lorsqu’il y a foot. Alors pourquoi pas lorsque Roger Federer a gagné un match? On se permet de pointer du doigt le laxisme des autorités, qui entraînent de manière récurrente des préjudices à la population.

Pourquoi réveiller les enfants ? Pourquoi perturber le sommeil des étudiants en examen et des travailleurs qui se lèvent tôt ? Pourquoi ne pas simplement rester boire un verre à la santé de Vicente Del Bosque au bistrot ? On peut considérer ces concerts de klaxons, qui s’éternisent parfois, comme un manque de respect vis-à-vis de la communauté. Il peut sembler légitime qu’en semaine les gens puissent aller se coucher paisiblement vers 22h30. On dirait que les gens perdent toutes notions de civilité sous prétexte que onze footballeurs ont mis un ballon au fond d’un filet !

Autre problème : les comportements dangereux adoptés sur les routes. Il y a de quoi s’indigner de voir passer 10 voitures les unes derrières les autres traverser la ville ou le village à 80 km/h dans une zone limitée à 50 km/h. Et que dire de cette femme dans le canton de Vaud qui, agitant un drapeau assise sur le rebord de sa voiture, est passée par dessus bord ? Ou des troublions sans aucune âme patriotique, qui cherche un simple prétexte pour faire les fous-fous. Ou pour promener de jolies filles dans leur carrosse.