Sortie: 9 février 2015
Durée: 44′
Label: ATO Records
Site: www.twogallants.com
Galanterie made in San Francisco
Duo de San Francisco, Two Gallants porte paradoxalement plutôt mal son nom. Adam Stephens (voix, guitare et harmonica) et Tyson Vogel (batterie, percussions et chant) produisent depuis 2004 et leur premier enregistrement The Throes un rock folk déchu de toute considération polie ou politesse considérée. Pas de cadeau. Comme nombre de duos US qui se sont fait connaître au début des années 2000 sur la scène rock indé, leurs enregistrements reflètent une production brute, rocailleuse, portée par le non moins rocailleux timbre – néanmoins variable – de Stephens, ainsi que par la frappe stressée de Vogel, dont la gracilité n’a d’égal que l’énergie derrière les fûts. Remarqué assez vite dès 2004, le duo, tout en tournant régulièrement en Europe et aux Etats-Unis, est toujours resté juste derrière cette limite dont le franchissement les catapulterait probablement sur les devants de la scène commerciale mainstream. Et c’est tant mieux.
Défait
Pourtant, ce dernier album aurait pu ou pourrait encore avoir cet effet bondissant. We Are Undone se démarque de ses prédécesseurs précisément par une production moins heurtée, moins directe et sans compromis. Plus policé en certains endroits donc, l’album est inégal, proposant parfois des morceaux quelque peu kitch qui alternent avec de belles réussites. Si les parties au piano semblent inonder trop souvent des ballades qui mériteraient de coupler une simple guitare à la voix émaillée de Stephens, les pièces les plus savoureuses demeurent là où les deux musiciens lâchent les rênes, sans être bourrins pour autant. We Are Undone, par exemple, chanson éponyme qui ouvre l’album, maîtrise bien son sujet en proposant une intro crescendo aux guitares destroy un peu désarticulées, avant d’entamer une mélodie entraînante à souhait qui vous fera vous cabrer, doublée par des fûts et cymbales abyssaux. Dans la même veine, Some Trouble attend patiemment son heure, vous prend aux tripes comme un chant de guerre avant de vous envoyer valdinguer. Fools Like U surprend elle par ses airs pop song; n’étaient les guitares grasses et les crashs à profusion, on aurait presque cru entendre un riff à la Miles Kane. Toutes les ballades, malgré certaines longueurs, ne sont pas à jeter pour autant: d’aucuns se verront remplis d’un certain vague à l’âme à l’écoute de My Man Go, à écouter sous la pluie, définitivement.
Live
Le 6 mars dernier, le duo est passé par les Docks à Lausanne pour un concert généreux de presque deux heures. Dans cette petite salle, les deux musiciens ont trouvé l’espace idéal pour déployer leur toile. Malgré un public (encore une fois) assez plat, le set fut varié, entre classiques et nouveautés, entre moments intimistes et débauches punk-folk-bluesy (s’il en est). Les quelques faiblesses d’un album parfois un peu trop gentil ont été gommées ici par la qualité du duo sur scène; on est restés impressionnés par la justesse et la présence de Stephens et Vogel tout au long des deux heures. Du solide. On ne saurait assez vous recommander de vous diriger vers les albums précédents. En courant et sautant, évidemment.