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Traits et regards sur la fin de vie – 3 volumes

« Je me suis dit: Pas possible que ce soit aussi simple que ça! La mort, je veux dire...» Octobre est arrivé avec dans ses bagages un petit avant-goût illustré aux réjouissances funébres des premiers jours de novembre. Voici le genre d'album que l'on prend entre les mains et qui s'accroche à nos paumes, hypnotise nos pupilles, dématérialise notre environnement immédiat et nous laisse, assomé, à la dernière page. Heureusement, il s'agit d'une bande dessinée, vous n'en aurez pas pour long.

Par GIN, le 06.10.2015 - Ed. 39

La mort

Vaste sujet s’il en est! Que vous soyez un fervent fidèle du Monstre en spaghetti volant, un témoin de Jéhovah, un chrétien orthodoxe ou un pur agnostique, vous serez un jour ou l’autre confronté à l’inattendue, l’inéluctable, l’irréversible Mort. Ce qui vient après – ou le néant – n’est pas non plus le sujet. Ici, il s’agit de la fin de vie, la mienne, la tienne, la sienne; perçue, appréhendée, ressentie et mise en image sous la plume de trente auteurs suisses romands.

A l’origine, la création en 1998 de la fondation La Chrysalide, site de soins palliatifs du canton de Neuchâtel, intégrée à l’hôpital neuchâtelois en 2006. Cette fondation promeut, entre autre, la qualité de l’accompagnement en fin de vie, un soutien professionnel des personnes endeuillées et encourage à une évolution des attitudes face à la mort. Cette fondation souhaite ainsi faire partager ses réfléxions: en 2009 en collaboration avec le musée d’ethnographie de Neuchâtel, elle organise l’exposition « Si un jour je meurs »; en 2012, elle publie un fascicule distribué dans les quotidiens L’Express et l’Impartial, « A la vie… à la mort! »

Suite au large intérêt suscité par ses précédentes actions, la fondation, ayant posé les jalons d’une approche de la mort affranchie de pathos et de tabous, poursuit ses questionnements sur la fin de vie. C’est au travers de la bande dessinée, support accessible à tous et offrant une multitude d’approches, que choisit la fondation en collaboration avec l’éditeur Hélices Hélas pour exprimer les messages forts, si complexes et profonds propre à ce sujet. Ils sont allés à la rencontre de créateurs de bandes dessinées confirmés et de jeunes talents suisses avec la demande de puiser leurs inspirations dans des exemples concrets de situation de fin de vie. Saluons au passage la mise en valeur d’une sphère artistique en pleine croissance, particulèrement en Suisse romande, ainsi que l’occasion donnée à de jeunes auteurs de se faire connaître. Le choix de ces trentes artistes reflète également la grande diversité d’univers dans la BD indépendante. Une fois ce collectif d’auteurs créé, le projet s’est bâti autour de trois volumes: Je meurs (points de vue de la personne qui meurt), Tu meurs (points de vue de la personne dont un proche disparaît), Il meurt (réactions générales face à la mort). 

À première vue, la bande dessinée semble aborder cette problématique de façon légère, désamorçant de ce fait les éventuelles résistances psychologiques. Les mots étant dans ce domaine remplis de pièges, les illustrations parlent à la mesure de la sensibilité de chacun, sondant l’insoutenable. Que ce soit une claque, une larme, une interrogation, chacune des planches véhicule ses propres forces, nous menant ainsi vers une réfléxion. Trente histoires sont racontées, conjuguant les divers lieux de la mort, les multiples façons de mourir, les causes et l’abondance d’émotions qui en découle: surprise, peur, déni, révolte, culpabilité, sérénité, acceptation, soulagement… Mettant parfois également en avant le rôle difficile et précieux de l’accompagnement familial, médical, psychologique et spirituel. La majorité des histoires sont réalistes, parfois plus poétique, parfois plus trash; certaines teintées de science-fiction, d’autres de fantastique; on aperçoit le fameux tunnel blanc qui côtoie l’insupportable instant de l’annonce d’un décès. 

Qui dit soins palliatifs soulève la question de l’acharnement thérapeutique et de l’euthanasie, ces trente regards ayant chacun une origine très personnelle, la fondation La Chrysalide, par ce biais, ne ravive pas de débat mais encourage avant tout à lever le voile de tabous qui obscurcit les réalités quotidiennes de la mort et offre à réfléchir à sa propre fin, l’évidence de préserver la dignité humaine restant le coeur du sujet. Ce projet mérite un accueil à la hauteur de son originalité.

Je meurs – ISBN 978-2-940522-27-9
Tu meurs – ISBN 978-2-940522-28-6
Il meurt (sortie novembre 2015)  – ISBN 978-2-940522-28-6
~ 28 CHF/volume


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