Sortie: 25 septembre 2015
Durée: 42′
Label: Third Man Records
Site: http://www.thedeadweather.com
Bulletin météorologique du rock
Un peu à l’instar de FFS, groupe présenté dans notre précédente édition, The Dead Weather est un projet issu de la réunion de plusieurs musiciens provenant de diverses formations originales. Un autre « supergroupe », une autre rencontre heureuse. Mais la comparaison commence et s’arrête ici.
The Dead Weather, c’est du rock alternatif sale et félin qui puise dans le blues, porté par deux leaders charismatiques. Il y a d’abord Jack White (ici à la batterie), humain pas tout blanc mais musicien génial, un de ceux dont le talent est venu mettre un pied au cul du rock’n’roll, qu’on avait promis aux oubliettes, à la fin des années 1990. Avec sa partenaire Meg White, Jack White a ressuscité et électrisé le blues-rock avec les White Stripes entre 1997 et 2007, date de leur dernier album bestial Icky Thump. L’homme a depuis créé son label à Nashville (Third Man Records), multiplié les collaborations – notamment avec The Raconteurs – et sorti deux albums solos.
Devant lui, au micro, on trouve celle qu’il seconde parfois, Alison Mosshart, surtout connue pour faire partie du binôme de The Kills, qu’elle forme depuis 2000 avec le guitariste britannique Jamie Hince.
A leurs côtés, on retrouve Dean Fertita à la guitare, qui, malgré un nom peut-être moins évocateur pour le public, est aujourd’hui un pilier des Queens of the Stone Age, le groupe mythique du non moins mythique Josh Homme, rockeur géant roux, qu’on ne présente plus.
Dernier pion du quatuor, Jack Lawrence, bassiste, est une vieille connaissance et collaborateur de Jack White dans The Raconteurs; il est par ailleurs membre de The Greenhornes.
Faire la pluie et le mauvais temps
Après Horehound en 2009, rapidement suivi par le très similaire Sea of Cowards en 2010, Dodge & Burn vient prendre le relais en 2015, deux ans après que les premiers titres ont été enregistrés. Finalisé à Nashville dans les studios de Third Man Records, label de Jack White, l’album envoie d’emblée, comme ses prédécesseurs, un son blues-rock lourd, saturé souvent, dont la production ne souffre aucun artifice superflu.
Avec Jack White à la baguette (dans tous les sens du terme), il n’est pas étonnant de retrouver des sonorités qui lui sont chères au fil des titres. Dès le premier titre, c’est une tornade qui vous arrache du sol pour mieux vous faire valser; I Feel Love (Every Million Miles), comme dans le clip qui lui a été consacré, souffle ses riffs à 200 km/h, avant que White ne marave sa caisse claire d’une frappe d’hyperactif, vous emportant inéluctablement dans la tempête.
Plus encore que dans les premiers opus, c’est bien la place qu’occupe la percussion au mixage qui fait la particularité du son de The Dead Weather. Transcendée, la batterie ne se limite plus à un simple squelette rythmique en retrait qu’elle est trop souvent. Le génie de J. White est justement de donner à son set un vrai son; instrument à part entière, la batterie devient musicale et primordiale, parfois même aux dépens des riffs affilés de Fertita. On ne compte plus les intermèdes pendant lesquels les rythmes et breaks de J. White sont les seuls accompagnants de la voix féline d’Alison Mosshart. Qu’elle soit bien carrée et propre comme sur Too Bad ou Buzzkill(er), ou sale et résiduelle comme sur Cop and Go, la percu se met en avant dans la plupart des titres, à même de faire la pluie et le mauvais temps.
Pour digérer l’album, pour le conclure, pour calmer la tempête et retrouver votre permanente, le groupe a posé un dernier titre plus calme, une quasi-ballade, qui contraste avec le reste de la production par un piano-voix-cordes mélancolique. Une tristesse à laquelle l’auditeur va devoir se faire: le groupe a annoncé qu’il ne partirait pas en tournée.
Pour aller plus loin:
The White Stripes – Seven Nation Army
The Raconteurs – Consoler of the Lonely
The Kills – Black Balloon
Queens of the Stone Age – I Sat by the Ocean
The Greenhornes – It Returns