Il est de ces femmes qui ont le pouvoir de fédérer tout le monde autour d’elles. De ces femmes qui en un mot, un sourire, vous ont mis à l’aise comme si vous étiez chez vous. De ces femmes qui sont les mères de cœur de tous ceux qui croisent un jour leur chemin. La montagne de Moutier a sa «Lisou», la ville de Moutier a sa Ruth! Le Petit Jurassien lui rend un vibrant hommage, du fond de son petit cœur tout rose!
Comment tout a commencé…
Ruth est née le 6 août 1927 à l’hôpital de Berne. Avant dernière d’une famille de 7 enfants, elle grandit dans une ferme tenue par ses parents, à Schnotwil, près de Büren, où elle est scolarisée dans une école suisse-allemande jusqu’à ses 14 ans.
Jeune adolescente, à l’âge de 14 ans, elle arrive à Moutier et découvre cette ville qui restera la sienne pour toujours. Ses parents reprennent la ferme du Cerneux-Renard, tandis que Ruth termine sa scolarité obligatoire au Collège de Moutier, tout en aidant ses parents à la ferme, les soirs et week-end. Une enfance de labeur certes, mais une enfance simple et très heureuse avant tout.
A la fin de sa scolarité, bien obligée de trouver du travail, c’est à Granges dans une usine d’horlogerie que Ruth décrochera son premier emploi en tant qu’ouvrière. Bien qu’étant une personne très assidue au travail, elle n’est pas femme à oublier de s’amuser et sort régulièrement dans des soirées dansantes de la région. C’est là qu’elle va rencontrer celui qui va devenir l’homme de sa vie, M. René Chevalier, homme qu’elle épousera à la fin des années 40, à l’âge de 20-22 ans.
De ce mariage va naître une petite fille prénommée Mireille, qui sera fille unique mais qui comblera de bonheur les deux heureux parents. A partir de là, «La Ruth» consacre tout son temps entre son emploi d’ouvrière, tantôt à l’usine, tantôt à la maison, et son job de maman.
D’eau et de glace!
Ce n’est qu’en 1958, à l’âge de 31 ans, que Ruth reprend la gestion de la buvette de la piscine. Un choix professionnel qui la fera passer au rang de personnage charismatique prévôtois.
Dès cet instant, le restaurant de la piscine ne désemplit plus, chacun venant goûter la petite restauration simple mais délicieuse de «La Ruth», tels que des spaghettis bolognèse, des wienerlis avec sa salade de pommes de terre, des omelettes baveuses, etc… Une cuisine simple mais faite avec tant d’amour qu’elle en devient magiquement bonne, au point même qu’il faut souvent réserver sa place pour pouvoir manger à la piscine.
Un succès tel que, quelques années plus tard, lorsque la patinoire quitte la place de parc de l’église catholique pour devenir une vraie patinoire couverte, c’est tout naturellement à «La Ruth» que l’on confie le soin de nourrir, abreuver et réchauffer tous les sportifs, spectateurs ou gens de passage.
Celui ou celle qui est allé ne serait-ce qu’une fois voir un match de hockey à la patinoire de Moutier à l’époque de «La Ruth», a certainement encore le goût au bout de la langue de sa recette magique de thé chaud. Recette qu’elle n’a d’ailleurs jamais voulu donner à qui que ce soit, comme tous ses autres plats. Mais personne ne lui en tiendra rigueur, car de toute manière nul ne saurait les préparer comme elle, alors à quoi bon…
De là s’en suit une longue et belle carrière, à la buvette de la piscine et de la patinoire, aidée par son mari, et ce jusqu’à ce qu’elle fête ses 70 ans. Après avoir passé presque 40 ans à servir ses hôtes, elle cède sa place pour prendre un repos bien mérité.
Avec quasi 40 ans de bons et loyaux services à la piscine comme à la patinoire, une fille, 2 petits-enfants et 3 arrières-petits-enfants, voilà une vie bien remplie, pleine de rires, d’émotions et de sacrifices quelques fois. Mais au final, ce que chacun retient d’elle, au-delà de son talent inimitable pour nous remplir les estomacs de bonheur, c’est son sourire impérissable, en toute circonstance.
Un modèle de gentillesse et de bonté, qui nous rappelle, dans les moments les plus durs, qu’il y a toujours une raison pour sourire, quoiqu’il arrive.