Une peau plus blanche qu’un pot de dispersion, l’œil plus brun qu’une tasse d’Ovomaltine, et le cheveu plus rouge qu’un feu de camp scout, le roux ne passe pas inaperçu. Le Petit Jurassien lève le voile sur un des sujets les plus tabous de l’histoire de l’humanité.
Histoire de roussi
Découvert en 843 par l’ethnologue Jean Jacques Roux-sceau, alors qu’il était en train d’observer un accouplement entre un renard et une roue de charrette, le roux n’a cessé de fasciner à travers les âges! Blague à part, depuis la nuit des temps, les superstitions sur les roux sont très répandues. Par exemple, au VIème siècle déjà, on associe la couleur des cheveux roux à quelque chose de magique, qui évoque le feu et les flammes, des symboles forts de la vie et de la mort! C’est l’historienne de la littérature Valérie André qui nous l’apprend dans son livre «Réflexion sur la question rousse»: «On associe par extension la rousseur, au monde de l’enfer, au diable.» Et cette idée se répand à travers les âges.
Au XVIème siècle , les tâches de rousseur, typiques chez un rouquin, sont la preuve d’une association avec le diable. Beaucoup de roux seront d’ailleurs brûlés ou chassés avec leurs mères, à cause de la couleur de leurs cheveux. Au XIXème siècle, des écrits médicaux évoquent, avec beaucoup de sérieux, le gène de la prostitution présent dès la naissance chez les rouquines. En effet, si chez l’homme, être roux évoque le diable, chez la femme, la rousseur est associée à la sexualité et à une pratique de cette dernière extrêmement débridée et sauvage.
Le roux du jour
Aujourd’hui, on ne brûle plus les roux sur la place du village en les accusant d’être le suppôt de Satan, du moins pas à ma connaissance. Mais les préjugés n’ont pas disparu pour autant. On entend encore dire qu’un roux sent plus mauvais, est plus violent ou à une plus mauvaise influence qu’un autre. Mais sur quoi exactement se basent ces légendes ? Sur rien de bien précis, en tout cas rien de scientifique, ça c’est sûr! Pourtant ces dernières années, la discrimination anti-roux ne semble pas faiblir, au contraire, puisque, sur des tas de sites internet, on peut trouver des blagues sur les roux, ou encore adhérer à des groupes sur Facebook, qui s’affichent ouvertement anti-roux!
La révolte gronde
Il semble que les roux aient enfin décidé de se défendre et de s’affirmer. On a pu donc assister ces derniers temps à l’apparition de films, clips, manifestations, faites pour et par les roux. Par exemple, le film de Romain Gavras «Notre Jour Viendra» avec Vincent Cassel, qui traite des roux, le National Redhead Appreciation Day aux Etats-Unis qui se tient chaque année le 16 juin, ou encore, la Red Power Manifestation de Dublin chaque 26 juin en Irlande. Un phénomène à suivre…
Il appartient à chacun de saisir la subtile différence entre un peu d’humour et de la discrimination. Au final, se moquer d’un roux n’est en rien différent de se moquer d’un noir, d’un vieux d’un nain… ou d’un belge. ABE