Reportage
Pou’belle la Vie

«Dis-moi ce que tu mets dans tes poubelles, je te dirai qui tu es !» C’est en partant de ce constat digne d’un agent secret qui serait à la recherche de preuves d’un méfait dans vos ordures, que Le Petit Jurassien a pris la courageuse décision de plonger tête baissée dans l’univers merveilleux de vos déchets! Après tout, tout le monde produit des déchets. Du sans-abri à la star hollywoodienne et pourtant une fois que le sac a disparu du devant de chez nous, qui s’en soucie encore? Pour répondre à nos interrogations ordurières, qui de mieux renseigné sur le sujet que la sympathique équipe du camion poubelle prévôtois!

Par RM, le 04.02.2014 - Ed. 24

Rencontre

Il est treize heures tapantes, le rendez-vous est fixé au dépôt de la voirie à Moutier. L’ambiance y est détendue, on rigole, on plaisante, pourtant, la mission de ce mardi 28 janvier est tout ce qu’il y a de plus sérieuse: terminer le ramassage des ordures ménagères en cité prévôtoise.

Et pas question de se défiler, ou de remettre ça au lendemain: en fin de journée, la ville doit être propre!

Je fais connaissance avec l’équipage du camion poubelle ainsi qu’avec la machine avant de prendre la route: un monstre d’acier impressionnant, capable d’avaler jusqu’à 10 tonnes de déchets!

Aux commandes, Jean-Pierre Gaffner, un habitué de la bête qui la pratique depuis 14 ans. A l’arrière, deux joyeux drilles: Paul Gerber et Lucas Boegli, actif à la voirie depuis six ans.

Après quelques explications techniques sur les performances de la machine, Jean-Pierre Gafner sort 3 petits chocolats de sa poche, il en distribue un à chacun en lançant un: «Il faut donner de l’avoine aux chevaux si tu veux qu’ils avancent…»

Le ton est donné, il est temps de partir!

On the road again!

Sur la route, la première impression ressentie est celle qu’on frôle tout et tout le monde à chaque instant!

Le camion passe près des maisons, des voitures et des piétons, pourtant aucune inquiétude ne se lit sur le visage du chauffeur. On sent que le l’homme sait ce qu’il fait et qu’il connaît les moindres centimètres de son camion tout comme ceux de sa ville d’ailleurs.

Je profite du trajet pour faire connaissance avec Jean-Pierre Gafner, chauffeur et accessoirement responsable de la maintenance des véhicules à la voirie. Là, il m’apprend quelques petits détails sur le quotidien de son travail. Par exemple que les sacs poubelles taxés sont des propriétés privés et que les employés de la ville n’ont en aucun cas le droit de les ouvrir!

Jean-Pierre m’explique également comment, à force d’habitude, il finit par être capable de reconnaître la silhouette des personnes qui travaillent derrière le camion rien qu’en regardant dans sa caméra de recule, ou encore comment il sait avec le temps à quel endroit dans quelle rue il peut manœuvrer sans problème en perdant le moins de temps possible!

Pas des glandus!

Pour autant, on est loin des clichés sur les employés communaux! Ici tout est minuté, il n’y a pas une seconde à perdre parce que chaque tâche doit être terminée dans la journée, peu importe qu’il y ait un mètre cube de déchets à ramasser ou des millions!

Il faut dire qu’avec une moyenne hebdomadaire de 28 tonnes de déchets ménagers, de 14 tonnes de carton et de 13 tonnes de papier à ramasser, il n’y a pas de quoi chômer en prévôté!

L’efficacité dans chaque geste, et la montre constamment en tête, voilà comment on pourrait résumer le travail de ces messieurs!

Mais qu’on ne s’y trompe pas, la sécurité reste une des priorités des employés affectés au camion poubelle!

Et la raison en est toute simple et évidente: travailler avec une presse développant une capacité de poussée jusqu’à 35 tonnes, ça demande une attention de chaque instant!

Heureusement le camion est équipé de systèmes de sécurité qui empêchent par exemple le chauffeur de dépasser les 40km/h quand les ouvriers sont sur les cale-pieds derrières! Il y a aussi une alarme qui retentit dans l’habitacle si l’un des ouvriers s’approchent trop près de l’arrière du camion quand ce dernier recule!

Bref, tomber dans la cuve et se faire broyer par la presse tient plus de la fiction que de la réalité!

Le cycle des ordures

Une fois la collecte des ordures achevée, il est temps d’aller «vider» le camion-glouton à la déchetterie Celtor. Un voyage qui me permet une nouvelle fois d’éclaircir quelques points d’ombre sur le traitement de nos ordures prévôtoises!

Par exemple, pourquoi une ville de moyenne importance comme Moutier n’a-t-elle pas sa propre déchetterie? Réponse, parce que notre ancien incinérateur qui se trouvait aux Evalins, était trop vieux, plus aux normes et que ça aurait coûté une fortune de la remettre à niveau!

Dommage quand on voit les profits que fait la déchèterie Celtor aujourd’hui, on se dit qu’un investissement en prévôté n’aurait pas été inutile!

Mais la question qui me brûle les lèvres, c’est de savoir ce que deviennent nos déchets! Comment sont-ils transformés et à quoi servent-ils ensuite!?

Et je ne tarde pas à obtenir ma réponse en arrivant sur le fameux cite de Celtor, sur les hauts de Tavannes.

Une fois broyées par une grosse machine, nos ordures finissent dans de grands containers qui sont acheminés par voie ferroviaire chez Cridor à La Chaux-de-Fonds afin d’être incinéré!

De la chaleur qui est ensuite récupérée pour chauffer toute une partie des quartiers de l’hôpital de la cité horlogère. Le reste est stocké sous forme de balles-rondes en attendant d’être vendu pour être brulé!

Pour ce qui est des déchets encombrants en bois, ils sont eux aussi broyés, puis revendus entre autres aux Italiens qui les transformeront en meuble Ikea. Des meubles qui finiront en partie dans les magasins suisses du géant suédois pour qu’on s’empresse d’aller les racheter (à nouveau) à prix d’or!

Plonger dans l’univers des déchets c’est surtout faire le constat que le traitement des ordures, c’est un véritable business qui brasse des millions de francs!

Oui, c’est difficile à imaginer, mais nos poubelles sont remplies d’or!

Service grand luxe!

La journée s’achève comme elle a commencé, c’est-à-dire dans la bonne humeur! Mais cette initiation au monde des détritus m’aura laissé une vision toute différente de celle que j’avais en début d’après-midi!

Et pour cause, la voirie de Moutier propose un service de porte à porte, c’est-à-dire qu’elle vient chercher vos déchets devant chez vous! Un véritable luxe qui demande plus de travail aux employés, tout ça dans le seul but de vous faciliter la vie!

Des hommes qui travaillent dehors, par tous les temps, parfois soumis à des odeurs nauséabondes et ce les jours fériés comme les autres!

Bien entendu, vous me direz que nous payons ce service, mais si le Petit Jurassien peut se permettre un conseil en guise de conclusion de cet article,  la prochaine fois que vous verrez passer le camion-poubelle devant chez vous, pensez que ces messieurs s’occupent précisément de ce que vous ne voulez pas voir…

Du coup, plutôt que de râler, soyez sympa, faites un signe!


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Chantal dit :

Chapeau à toute cette équipe et merci

Un prévôtois dit :

Très bon article ! Il fait plaisir à lire en plus d’être intéressant, bon boulot ! Et salutations à l’équipe du camion !




    

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