Rendez-vous est fixé à la caserne où je retrouve quelques visages familiers dont on ne soupçonnait pas l’engagement. Le thème sera «La protection respiratoire» et notre interlocuteur principal, le lieutenant Cédric Bouquet, 15 ans de service. L’exercice consistera à secourir une personne dans un immeuble densément enfumé. Le décor sera l’Ecole secondaire prévôtoise. Vous et moi, nous ruerions sans doute à l’intérieur sans beaucoup réfléchir. Ce n’est évidemment pas si simple et nombre d’éléments sont à évaluer et à prendre en compte. Masqués et munis d’une bouteille d’air comprimé d’une autonomie de 30 minutes, les soldats du feu vont pénétrer, encordés, par groupe de trois dans le bâtiment. Le premier tâte le terrain, le deuxième se sert d’une caméra thermique pour déceler les obstacles et le troisième déroule une corde, le fil d’Ariane, afin de retrouver le chemin du retour. Comme le Petit Poucet. Si tout va bien, la victime, un mannequin rempli de sable d’une soixantaine de kilos, est sauvée.
Facteur important dans ses circonstances, la ventilation. Ventilé d’un côté et faire ressortir la fumée de l’autre, par une fenêtre par exemple. Mais bien sûr pas n’importe comment, le but n’étant pas d’enfumer la cage d’escalier par laquelle on souhaite faire descendre les prisonniers du feu. Vous comprenez? La situation doit être rapidement appréciée afin de faire les bons choix tactiques.
Participation active
C’est finalement avec un peu d’appréhension, une petite dose d’inconscience, mais beaucoup de confiance en ses assureurs, que votre envoyée spéciale a joué le cobaye pour vous. Equipée d’un harnais et d’un casque, je me suis laissée treuiller à l’aide d’un rollgliss jusqu’au fond d’une trappe pour y rejoindre sa victime prise au piège. Une fois celle-ci bien harnachée dans une coque Rega (la civière orange qu’on voit sur les pistes de ski) et en sécurité, la remontée ne fut que du bonheur.
Après toutes ces émotions, le verre de l’amitié n’était pas de trop une fois de retour à la caserne. Même chez les héros du feu, il y a de la bière fraiche! Edition exclusive du fournisseur, elle spécialement nommée «La 118». A la pause clope, l’expression «fumer comme un pompier» ressort naturellement, mais d’où vient-elle: «A l’époque, les pompiers français graissaient leurs tenues-feu afin de les rendre imperméables. Avec la chaleur, cela produisait de la vapeur lorsqu’il ressortait et ils fumaient de toute part», m’explique Cédric Bouquet. Voilà un dicton que nous n’utiliserons plus au hasard.
Cet exercice et les rencontres qui l’ont accompagné ont été bel apprentissage pour votre P’tit Ju. L’occasion de constater la qualité du matériel et le sérieux qui entoure les activités de nos pompiers, toujours alertes à la moindre alarme.
C’était les aventures d’Emilie chez les pompiers de Moutier…
Crédits photos © Stéphane Geiser