Imitateur humoriste, c’est lui-même qui se décrit comme cela. Jérôme Mouttet est né le 16 février 1977 et a grandi à Mervelier dans le Jura. Virtuose de l’euphonium, c’est au sein de l’Ensemble de Cuivres Concordia de Mervelier qu’il fait ses premiers pas de trublion. Mandaté pour s’occuper de l’animation des soupers annuels de cette fanfare, c’est devant ses collègues musiciens qu’il fait ses débuts dans le monde du spectacle. Faire mourir le Pape Jean-Paul II sur scène n’était d’ailleurs pas au goût de tout le monde. C’est donc lors de ces rendez-vous que Jérôme Mouttet se met petit à petit aux imitations, avec talent d’ailleurs: «Je n’ai jamais contrôlé, mais il paraît que les imitateurs ont un défaut physique. Apparemment, si on leur fait une radio de la gorge, on constate qu’ils ont le larynx asymétrique», explique Jérôme Mouttet. En effet, selon le Dr Jean Abitbol, oto-rhino-laryngologiste et phoniatre de renommée mondiale, les imitateurs ont une corde vocale qui est plus longue que l’autre de quelques millimètres. Et de ce fait, ils peuvent les bouger comme ils veulent, en ayant la possibilité d’allonger leur corde vocale droite plus que la gauche, par exemple, et donc de créer des harmoniques différents à volonté, et ainsi mieux se rapprocher de la personne qu’ils imitent.
150 voix
Jérôme Mouttet, surnommé Jeck en référence à son dessin animé préféré «Eckel et Jeckel» avait incontestablement un don à la base, mais le talent, c’est bien connu, ne fait pas tout. C’est surtout à force de travail et de pratique qu’il a fait siennes, au fil des années, près de 150 voix de chanteurs, de politiques, de sportifs, d’animateurs et de gens du show business: «Choper une voix peut prendre cinq minutes, comme plusieurs jours. En principe, je sens assez vite si ça va le faire ou pas. Pour commencer, je trouve une interview où la personne parle assez longtemps. Là, je repère la hauteur de la voix et un éventuel défaut de prononciation, ce qui aide beaucoup. Ensuite, j’étudie l’attitude visuelle et les tics de langage. Et au bout d’un moment, il y a un déclic», poursuit celui dont son pair préféré est le français Laurent Gerra.
Après, «Politic-tac-tic-tac» sorti en 2004, «Canton naît suisse», en 2005, «Le Mouttet PET Show» en 2008, et «Zapping» en 2011, ce grand sportif qui court le marathon a présenté son 5e spectacle «Jérôme Mouttet remet ça» à la salle communale de Vicques, sur 6 dates au mois de novembre.
Il puise principalement son inspiration dans l’actualité, mais aime aussi faire dans le décalé et le grivois: «Je pense que ce dernier spectacle est le meilleur de tous. C’est, à mon avis, le plus abouti et celui qui me correspond le plus. Il est plus musical, et c’était là une vraie volonté de ma part. Pour la première fois, je suis accompagné de trois musiciens sur scène. Je suis peut-être aussi un peu plus provocateur: je me permets de dire certaines choses que je n’osais pas avant». Jean-Paul II doit, en effet, se retourner dans sa tombe à l’heure du sketch sur le curé…
Grâce aux nombreuses sollicitations dont il fait l’objet, Jérôme Mouttet est aujourd’hui un semi-professionnel de l’humour. Après sa scolarité obligatoire, ce verseau 3e décan s’est tourné vers un apprentissage de monteur-électricien, profession qu’il a exercée durant 13 ans. Il travaille désormais en tant qu’animateur à Radio Fréquence Jura, à Delémont. Sa bonne humeur y cartonne du lundi au vendredi entre 11h et 13h dans son émission «Midi n’a pas d’ombre»: «La radio, c’est du spectacle. Je peux y exprimer ma créativité. C’est un complément parfait». Jérôme Mouttet, papa d’un petit Gaëtan de 3 ans et demi, vit donc de sa passion. C’est là son plus beau succès.
