Les aventures d’Emilie
Champignon toxique, on ne mange qu’une fois!

Ayant grandi au sein d’une famille passionnée par la cueillette des champignons, j’ai toujours été, et je reste à ce jour, l’exception du clan. La raison: je ne les vois pas! Et par conséquence, je ne trouve jamais rien. Je n’allais donc prendre aucun risque pour cet article de saison et je décidais donc de m’entourer de Jean-Claude Gerber, le plus grand spécialiste du coin. C’est lui qui allait me les montrer, ces champignons!

Par EM, le 29.09.2014 - Ed. 30

De la salle de classe au grand air

Commençons d’abord par une petite présentation de mon guide. Jean-Claude Gerber est un enseignant aujourd’hui retraité de l’école primaire. Il a d’ailleurs été mon professeur de sciences naturelles et de travaux pratiques de science lorsque j’étais en 5e et 6e année au Collège de la Poste à Moutier. Il enseignait également les mathématiques, l’allemand et le dessin.

Mais c’est avant tout quelqu’un qui est passionné par la nature: «J’ai commencé petit avec mon père. Nous allions à la cueillette de champignons dans la forêt de Sur Menué, près de laquelle nous vivions, et au Petit Champoz. J’aime me promener tout en ayant un but», confie Jean-Claude Gerber, qui est depuis des années contrôleur officiel fédéral pour la commune de Moutier et sa région.

Et si aujourd’hui il va aux champignons, ce n’est pas seulement pour en faire des fricassées, mais plutôt pour les étudier. Membre de la Société mycologique de Delémont, il recense les espèces afin de constituer une base de données pour la Confédération.

Il gère également un bureau privé qui effectue des mandats pour la nature, surtout pour ce qui touche aux insectes et particulièrement aux papillons, pour le canton et la Confédération. 

Balade dans la nature

C’est justement à l’orée du bois de Sur Menué que nous nous sommes retrouvés un lundi matin à 9h: «C’est vraiment une année à champignons! Et les différentes espèces sortent en avance. Les bolets sont venus en juillet-août et non en septembre-octobre comme prévu», m’apprenait-il, avant d’ajouter avec un sourire: «Lors de la Foire au bolets de Moutier, il n’y a en général déjà plus de bolets». Première surprise pour moi, Jean-Claude Gerber n’était pas muni d’un sac en tissu, mais d’un panier: «Comme cela, les champignons de s’écrasent pas. Il faut également les ranger dans différents récipients si on n’est pas sûr qu’une espèce soit comestible ou pas, afin que les mauvais ne contaminent pas les bons».

Il faut savoir que de nouvelles espèces de champignons sont découvertes chaque année et qu’on en compte près de 2’300 dans notre région (Jura, Jura Bernois, Laufonnais). Parmi les plus connus, on trouve: le bolet, la morille, la chanterelle, l’écailleux, le pied de mouton, le meunier ou encore le petit bleu. On en dénombre environ 6’000 sortes en Suisse.

Concernant les champignons toxiques, qui représentent à peu près 10%, on peut citer les amanites tue-mouche, panthère et phalloïde: «Avec certains, on ne mange qu’une fois», prévient Jean-Claude Gerber. «Avec le cortinaire à couleur de rocou, qui attaque les reins, les symptômes peuvent survenir jusqu’à deux semaines après l’ingurgitation. Il est alors difficile de penser aux champignons comme cause des maux». 

J’ai appris quel terrain était propice aux champignons: peut-être que cela me sera utile à l’avenir Il faut que le site soit humide, à l’ombre et sans trop de cailloux: «Plus le terrain est varié, mieux c’est, car il y aura plus d’espèces». 

Je sais également à présent que les champignons ont trois rôles différents selon les genres: certains décomposent la forêt, d’autres vivent en symbiose avec les arbres avec lesquels ils se passent de la nourriture, enfin il y a les parasites, qui attaquent les arbres et les tuent petit à petit. 

En cas de doute sur certains spécimens de votre cueillette, Jean-Claude Gerber contrôle actuellement les champignons, et cela jusqu’à mi-octobre, au Collège de la Poste de Moutier entre 18h et 19h. Sinon vous pouvez lui téléphoner et passer chez lui.

Il distille également son savoir lors de cours organisés par l’UP. Pas ceux de popote.


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