Sortie: 15 juin 2015
Durée: 38′
Label: Alive Records
Site: https://myspace.com/leftlanecruiser
Doux comme des agneaux
Chez Left Lane Cruiser, ça va vite, c’est pour ça que ça roule à gauche. Peu connu chez nous, pas beaucoup plus chez eux, si ce n’est à Fort Wayne leur village d’origine, les musiciens de Left Lane Cruiser réussissent pourtant à tourner jusque dans nos contrées, tant bien que mal. Surtout bien, en fait, en tout cas pour le public. Depuis 2008, le groupe fait parler son empressement, sur scène comme sur leurs enregistrements, au nombre de sept avec ce derniers opus sortie en juin dernier.
Dirty Spliff Blues reste dans l’esprit de ce que Frederick « Joe » Evans IV et Brenn Beck avaient su offrir dans les albums précédents. Si B. Beck s’en est allé et a laissé sa place à Pete Dio à la batterie, et que Joe Bent a rejoint le groupe à la basse, la recette n’a pas changé. Le duo devenu trio vend toujours la même énergie. Signé sur Alive Records, un petit label indépendant de Los Angeles, comme cinq des six précédentes productions, Dirty Spliff Blues balance lui aussi blues-rock sévère avec de gros amplis, d’une attitude presque punk. F. Evans a beau être assis quand il joue, c’est pour mieux vous faire vous lever.
Pas de compromis, pas de prise de tête
Fort Wayne, Indiana. Si le son du groupe semble plutôt avoir absorbé toutes les influences du Nord du Mississippi, c’est bien avec un fort qu’on a affaire. Un fort de guerre, même. En tous les cas, la musique de Left Lane Cruiser est toujours un assaut sonore. Pour apprécier, il faut aimer le blues joué fort et avec beaucoup de distorsion. Loin de chercher la virtuosité, le groupe fait ce qu’il sait faire de mieux, jouer vite et sans compromis, à l’énergie, fidèle à ses envies. C’est à prendre ou à laisser.
L’album s’ouvre sur Tres Borrachos, et on n’aurait su mieux introduire la machine. Trois ivrognes donc, qui tiennent bien le choc, et vous emmènent immédiatement dans leur ivresse. C’est du blues; la batterie fait presque dans le binaire, à ce détail près qu’elle joue du hit-hat grand ouvert pour être moins sage que ses aînés (écoutez Whitebread n’ Beans). La basse l’accompagne, bien carrée, et par-dessus, F. Evans gratte tranquillement et rugit d’une voix sans doute égratinée par le bourbon et d’autres friandises – I’m smokin’ napalm, dit-il. L’homme n’est pas juste un rustre énergique pour autant, il connaît sa six-cordes. Il la maltraite, maltraite ses pédales, probablement autant qu’il maltraite sa voix, pour en sortir des solos épiphaniques. Tangled up in Bush vous montrera ses talents. Et si tout cela ne convainc pas les hésitants, démerdez-vous pour aller les voir en live. Expérience faite à Bikini Test à la Chaux-de-Fonds le 13 novembre dernier: on en ressort cabossé, suant, ivre, et très heureux.