La chieuse
Tiens, juste un exemple, une espèce de vieille bique, pas en âge mais dans sa tête, prend l’appart libre juste à côté du mien. Après les banalités sur le temps qu’il fera échangées les premiers jours, la voilà qui vient sonner chez moi pour me taxer trois œufs, des clopes, des pâtes et une bouteille de rouquin. Bon, n’étant du genre bégueule, je lui refile tout ça. J’attends toujours qu’elle me les rende. La semaine suivante, dring et re-dring, à tout bout de champs. Elle voulait le code du wifi, soit disant que le sien était naze. Et depuis, tous les jours elle me seringue pour n’importe quoi: de l’aspirine, des capotes, de la poudre à lessive, le sèche-cheveux, le fer à repasser, le programme tv, du beurre, de la bière, du jambon, enfin tout, quoi. Elle me prend vraiment pour une épicerie ambulante. En plus, elle est moche et pas sympa, je ne peux même pas fantasmer sur elle, et ma femme ne peut pas la blairer.
Alors un soir qu’on était invité chez des potes, juste avant de partir, j’ai posé mes grosses colonnes «Bose» contre le mur mitoyen, j’ai mis un CD de hard rock à coin, sur répétition, et on s’est tiré.
Fallait voir sa tronche le lendemain, comme quoi elle avait sonné plusieurs fois, essayé de nous téléphoner, qu’elle n’avait même pas pu regarder sa série de merde à la télé, etc. Depuis, on ne se parle plus et on a une paix royale.
Les papis-mamis à chien-chien
Lui, il a l’air d’un vieux rat décrépi, malingre et habillé toujours en gris. Ce qui lui sert de femme est un gros tas graisseux avec la lèvre inférieure pendante, un teint rouge-violet comme le vin en brique bon marché qu’elle doit ingurgiter par stères entiers. Ils habitent la petite maison juste à côté de chez nous, une espèce de taudis qui tombe en ruine. Mais le pire, c’est leur clébard, une espèce de gros batard qui ressemble à une saucisse à quatre pattes, qui souffle épais, a les burnes qui touchent le sol et qui braille sans arrêt. Et cette bande de ringards prennent plaisir à le faire pisser et déféquer juste devant notre porte et aux alentours. Combien de fois a-t-on marché dedans, et les gosses qui jouent par-là rentrent crottés à la maison. Le concierge a déjà appelé les flics, mais rien n’y fait. A croire qu’ils sont nés pour emmerder le monde.
Alors avec un pote, on leur a fait une blague. On commandé des produits cosmétiques, des revues porno, des meubles, des trucs électroniques et un tas de machins à leur nom, en imitant leur signature. Fallait les voir engueuler le facteur et pousser des cris d’orfraie à chaque livraison!
L’intolérant
A le voir, comme ça on ne supposerait jamais qu’il soit aussi intransigeant. Veuf, la septantaine bien sonnée, toujours bien mis et poli, mais il ne laisse rien passer dans l’organisation communautaire. C’est notre pépé du sixième. A cheval sur le règlement qu’il n’hésite à brandir à la moindre incartade, il réclame sans arrêt pour une chaise qu’on traîne et qui fait du bruit, la radio ou la télé qui fonctionne trop fort, les visites trop bruyantes. Il peste chaque fois que la lessiverie n’est pas débarrassée, que des invités squattent des places parc, réclame pour tous jouets, vélos et jeux d’enfants mal rangés, s’offusque des odeurs de morue que les portugais font griller sur le balcon. Ce maniaque de la poutze exige que le concierge nettoie son étage trois fois par semaine, abhorre les cris d’enfants, déteste les animaux, exècre les boguets qui tournent autour du bloc, a horreur des répétitions de piano de la petite du cinquième, abomine que les témoins de Jehova sonnent à sa porte, réprouve la dame du premier qui ne reçoit pas toujours le même homme, hait les ébats amoureux nocturnes trop bruyants, ne peut pas saquer les discussions dans les corridors, hé oui, ça résonne.
Et il a été abasourdi en rentrant chez lui un soir, de constater que son trou de serrure avait été rempli de colle forte, genre superglu, et qu’il a du faire venir le serrurier. Moi, j’ai idée de qui a fait le coup!
Post scriptum
Chacun connaît un voisin chiant. Certains réunissent toutes les tares citée ci-dessus, voire plus. Ces quelques lignes en forme de brèves histoires sont bien entendu une fiction, mais avouez, il y a quand même du vrai, non?
ça c’est bien tapé. Belle caricature, j’en connais plein des truducs pareils,le trait n’est pas exagéré. Bien vu cégé, ça m’a fait plaisir de vous lire. Merci
merci