De toutes les traditions prévôtoises, il en est une qui tient une place toute particulière dans les cœurs de ses habitants, c’est son journal de carnaval. Son nom fait même quasiment partie du vocabulaire régional. Ne dit-on pas à quelqu’un qui vient de faire une belle connerie:«Toi tu vas finir dans l’Schnapou!» Pourtant on en sait si peu sur lui. D’où vient son nom? Qui se cache derrière ses pages colorées? Comment sont choisies les histoires? C’est pour essayer de répondre à toutes ces questions, à quelques jours de la sortie de sa 35 ème édition que nous avons pris le maquis afin de rencontrer ses rédacteurs.
Une histoire de Jus
Le Schnapou, c’est le nom d’une chute d’eau, dans les gorges de Moutier, qui apparaît lors de grosses pluies. Ça c’est pas un scoop! Mais si le journal a été baptisé ainsi, c’est dû à une sortie de route en voiture, en 1974, après une journée plus qu’arrosée(et pas qu’à l’eau de source) de deux des futures membres fondateurs du journal, accident sans gravité qui a eu lieu à la hauteur de la dite chute. Quelques années après, lors de la création du «canard», en 1977, les deux compères, à la recherche d’un nom original, repenseront à leur mésaventure. Il faut savoir que d’autres éditions de carnaval avaient déjà vu le jour à Moutier, avant le Schnapou. Dès le début des années 1900, plusieurs journaux se succèderont tels que «La Fusée», «Le Letch-Potche», «Le Birsouflé» ou encore «Le crocodile de la Birse». Mais aucun ne durera vraiment. En 1977, les événements politiques en ville de Moutier poussent une jeune bande de trentenaires à recréer un journal de carnaval, afin d’avoir leur propre tribune pour pouvoir se moquer de leurs adversaires politiques, mais aussi pour récolter des fonds pour les partis jurassiens.
Il est donc intéressant de constater que le Schnapou, à sa création, n’était pas un journal de carnaval à proprement parlé, mais plutôt un journal politisé à la tendance clairement affichée jurassienne.
Les vilains petits canetons
Aujourd’hui, même si quelques irréductibles continuent la lutte, le calme est revenu en prévôté et le Schnapou a perduré, se transformant au fil des ans en un vrai journal de carnaval, égratignant ses concitoyens et ce peu importe leur couleur politique. L’année dernière a vu apparaître une toute nouvelle génération de plumes au sein de la rédaction. En effet, le comité vieillissant souhaitait passer le flambeau afin de transmettre son savoir et son expérience et continuer à faire vivre la flamme de l’insolence en ville de Moutier. Mais il semblerait que la vieille génération des rédacteurs du journal se soit fait prendre à son propre jeu puisque d’après nos sources, ces jeunes insolents auraient refusé de travailler selon les méthodes (je cite) «archaïques de ces vieux débris!» Il semblerait donc qu’une scission de la rédaction du Schnapou ait bel et bien eu lieu et l’on s’attend en cité prévôtoise à accueillir un deuxième journal de carnaval, fait pour et par les jeunes, concurrent direct du Schnapou.
Cette année s’annonce donc décisive pour le carnaval prévôtois. Y aura t-il une réconciliation de dernière minute? Deux journaux verront-ils le jour à Moutier? L’un des deux est-il appelé à disparaître? Va t-on assister à de nouvelles émeutes en ville? Seront-elles organisées en costume de carnaval? Pour répondre à toutes ces questions, il faudra attendre la sortie du Schnapou, le 16 février prochain.
D’ici là, soyez prudent, méfiez vous et faites attention à qui vous parlez. Comme on dit à Moutier:«Tant qu’il n’est pas sorti, t’as toujours une chance de finir dedans!»