Dossier
Le survivalisme

Et si, dans un avenir proche, une catastrophe de grande ampleur nous tombait sur la poire, et que le monde tel que nous le connaissons cessait d’exister? Qu’elle soit de nature économique (effondrement du système), de nature biologique (pandémie mondiale très virulente), de nature cataclysmique (dérèglements climatiques) ou de nature sociale (chaos dû à la surpopulation, guerre civile, pénurie des ressources), certains sont persuadés qu’elle arrivera et se préparent dès lors sérieusement à sa venue et à ce genre d’apocalyptiques futurs. Qui sont-ils? Que cherchent-ils? Le Petit Jurassien a fait l’enquête sur un phénomène de société récent: le survivalisme.

Par MPV, le 29.03.2015 - Ed. 35

Un mot fourre-tout?

La première chose dont on se rend compte lorsque l’on se penche sur le sujet, c’est que le terme peut rassembler une multitude de définitions. Il faut donc d’abord faire la part des choses entre les clichés et la réalité. Dans l’imaginaire contemporain, le survivaliste est souvent un parano qui, après avoir fait des réserves de provisions pour plusieurs années, cherche à s’isoler de la société dans un bunker surprotégé et si possible à six pieds sous terre. Parfois, il s’agirait plutôt d’un ermite qui part vivre, avec sa famille s’il en a, dans une campagne retirée après avoir appris à chasser, pêcher, cueillir, faire de l’agriculture et produire de l’électricité avec un moulin à eau.

Après avoir épié la toile, il semble qu’une unanimité soit faite sur le sujet. Le survivalisme serait en fait la « science » de celui ou celle qui désire retrouver une autonomie; partielle pour certains, totale pour d’autres. En d’autres termes, il s’agirait de marcher sur la voie de l’indépendance vis-à-vis de la société, sans pour autant devoir la quitter. S’en servir s’il le faut, mais ne plus être à son service. Il implique la prise de conscience de tous les éléments qui nous rendent dépendants de la société, de réfléchir à leur sujet et, si on le souhaite, s’en défaire pour être libre et pleinement responsable de sa vie.

La recherche de l’autonomie

Si la réalité est donc différente des stéréotypes, certains des éléments de la vie du « parano » ou de l’ »ermite » peuvent se retrouver dans celle du survivaliste. Par exemple, l’idée qu’une catastrophe d’une nature diverse arrivera tôt ou tard se retrouve chez beaucoup d’adeptes. Se préparer au pire est donc pour eux important. Et cela peut impliquer, par exemple, d’apprendre à se défendre physiquement. Car si la société s’effondre, pensent-ils, l’État qui n’existe plus ne pourra plus assurer leur sécurité. L’apprentissage de techniques de combat au corps-à-corps, l’achat et l’utilisation d’armes à feu (avec permis bien sûr) sont divers moyens pour parvenir à cette fin. Les techniques basiques de survie dans la nature ne sont pas mises de côté non plus: savoir se débrouiller en temps voulu peut s’avérer utile et nécessaire. Mais ces pratiques ne font pas forcément l’unanimité. Car, il apparaît que pour certains, le survivalisme soit devenu tout bonnement le choix d’une vie plus simple sans que cela implique un scénario désastreux dans le futur. Apprendre à se débrouiller soi-même en toute circonstance, ne plus avoir l’impression de devoir acheter si ou ça pour vivre, retrouver une liberté perdue, avoir le sentiment d’une vie plus authentique; toutes ces choses sont recherchées par la plupart des survivalistes. Être ou devenir autonome est la clef.

Autonomie de niveau 1 – nourriture, énergie, débrouillardise

La recherche de l’autonomie implique la mise en place d’un nombre important de changement dans sa vie. À commencer par l’énergie et la nourriture. Si possible, le survivaliste acquerra un lieu de vie muni de plusieurs avantages:

  • D’une cheminée pour se réchauffer lors des jours les plus froids
  • D’une bonne exposition à la lumière du soleil s’il décide d’utiliser l’énergie de notre étoile d’une manière ou d’une autre (panneaux solaires ou d’autres techniques)
  • D’un jardin assez grand pour créer son potager, élever ses poules et peut-être ses lapins, et pourquoi pas pour faire pousser ses arbres fruitiers
  • D’un accès alternatif à l’eau
  • Mieux encore: une (petite) ferme

Ce n’est qu’un début. Il veillera aussi à avoir une cave bien remplie de denrées type boîte de conserves au cas où un problème qui ne soit pas solvable à court terme arrivait. Ce qu’il ne produira lui-même, il l’achètera si possible « local ». Aussi, il aura mis en place un arsenal d’outils utiles à la vie de tous les jours et un coffre avec un kit de survie ou sac d’évacuation rapide (nourriture, vêtements propres et secs, lampe, radio, piles, etc.) à utiliser si l’on doit quitter brusquement le lieu de vie. L’autonomie de niveau 1 suppose de savoir bricoler, réparer voire construire soi-même certaines choses, sans devoir faire appel à des services quelconques.

Autonomie de niveau 2 – survivre en toutes circonstances

En cas d’effondrement global ou d’une convergence de catastrophes, le survivaliste avancé sera en mesure de se tirer des situations les plus délicates. Par le développement d’un certain nombre de techniques au fil des ans, il a su apprendre à devenir un As de la survie. On parle là, par exemple, d’un pays en guerre, de vivre sur un territoire de chaos et de non-droit. L’autonomie de niveau 2 c’est en fait celle de niveau 1 qui passe d’un choix de vie à une nécessité vitale. Elle implique de savoir protéger sa famille et soi, son territoire (maison, potager) qui lui permet de survivre, et donc d’avoir des armes et de pouvoir s’en servir. Également, il s’agit de savoir produire soi-même sa nourriture, ses conserves, son eau, son énergie, ses médicaments. Et, si possible, d’avoir plusieurs lieux de fuite qui contiennent des éléments permettant la survie. En gros, c’est la capacité d’être un véritable MacGyver.

En conclusion…

En résumé, on peut dire que le survivaliste est quelqu’un qui se prépare à pouvoir gérer des situations pénibles en cas de besoin. Des situations qui vont de petits problèmes du quotidien à résoudre soi-même, à des catastrophes de grande ampleur. Il ne se considère pas comme un parano, ni un reclus ou un fou hyper-responsable, mais plutôt comme une personne dont les mots d’ordre, que certains pourraient penser poussés à l’extrême, sont la lucidité, la prévoyance et la précaution. Dans un monde à la croisée de certaines problématiques majeures (tensions internationales, question des ressources, de la surpopulation et du climat, etc.), est-il irrationnel de se préparer (un peu)? Dans un monde sur-technologisé, où tout un chacun est happé par son smartphone et complètement dépendant de la société pour vivre, est-il insensé de vouloir retrouver une vie plus simple, plus naturelle? Qu’en penses-tu lecteur? La thématique du survivalisme te parle-t-elle ou ce mode de vie te passe loin au-dessus de la tronche?

Bonus: quelques youtubers-survivalistes

Piero San Giorgio, auteur suisse du best-seller «Survivre à l’effondrement économique»

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Le survivaliste

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Le survivalisme 

 

Varg Vikernes, sa femme Marie Cachet, et ses enfants

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Survival skills in the family, #1, «Cooling Pot»

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Un mythe: la faim dans le survivalisme


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