Tout sauf flic!
«Nan nan, j’suis pas fou! Sérieux quoi, faut être maso pour vouloir être flic!
Sécu, c’est bien mieux. Tu te fais moins insulter et en plus y a pas la dictée d’entrée.
J’avais tentativé plusieurs fois d’entrer dans la police. M’ont pas voulu.
J’étais trop balèze tu sais.
Ouais j’fais aussi de la muscu.
Un corps sain dans un esprit sain tu vois.
Mon maître mot philosophistiqué à moi, c’est la sécurité.
La protection pour protéger quoi.
Bon ok, des fois j’colle des PV aussi.
J’suis poli et valant.
La preuve: j’ai aussi suivi la formation de garde du corps.
Bon à Moutier on est assez tranquilles.
Y’a pas beaucoup de fouteurs de troubles qui foutent les troubles.
Et la plupart, c’est des copains…
Donc on s’arrange.»
Le couteau suisse de la sécurité
Vous avez remarqué? Depuis quelques temps, les sociétés de sécurité privée poussent aussi bien que les chanterelles dans les coins les plus secrets de la forêt de Champoz. C’est qu’ils ont su se rendre indispensables les bougres! Qu’est-ce qu’on ne ferait pas sans notre brave Petit Bonhomme Bleu? Des entrepôts à surveiller? Il est là! Patrouiller autour des auto-tamponneuses? Il est là! Vérifier si la porte est bien fermée? Il est là! Vous demander de diminuer le volume sonore des haut-parleurs de votre stand à la braderie? Il est là! Empêcher les enfants d’aller jouer dans un chantier? Il est là! Coller deux trois PV? Il est là! Au rythme où ça va, il se chargera bientôt de vous livrer vos recommandés!
Enfant de Milgram
Le problème avec l’autorité et le pouvoir, c’est qu’il n’est pas nécessaire d’en posséder beaucoup pour pouvoir en abuser. Nous serions presque tentés de penser que moins on en a, plus on en abuse. Cas typique de la personne aux capacités naturelles trop limitées pour pouvoir jouir de la moindre miette d’autorité, le Petit Bonhomme Bleu se jette ainsi sur la première occasion d’abuser du peu de pouvoir que lui confère son uniforme. Ainsi, il vous fera comprendre que «le règlement, c’est le règlement» et ce, quelque soit le contexte et les circonstances.
Quand l’uniforme devient un déguisement
On dit souvent que l’habit ne fait pas le moine. D’accord, on veut bien. Mais il ne faut pas non plus négliger le pouvoir de transformation que peut exercer un bout de tissu sur un homme. Prenez Bruce Wayne par exemple: à la limite de la schizophrénie, lorsqu’il enfile son costume de Batman, sa voix baisse de trois tons. De la même manière, l’uniforme du Petit Bonhomme Bleu semble faire grimper le taux de testostérone de son porteur. À le voir parader dans les rues, rouler des mécaniques et croiser les bras quand on lui parle, c’est à se demander si ce n’est pas un déguisement qu’il revêt chaque matin. Un déguisement qui, en plus d’exacerber la virilité, anéantit tout sens de l’humour. Essayez de faire un gag au Petit Bonhomme Bleu pour voir… Il vous fera vite comprendre qu’il ne faut pas rire avec la sécurité.
Le cousin nocturne
Parent proche du Petit Bonhomme Bleu, le Petit Bonhomme Noir n’est autre que sa variante nocturne. C’est aux abords des lieux festifs qu’on a le plus de «chance» de le rencontrer. Généralement tout de noir vêtu (d’où le nom), on le reconnaît à son air suffisant et à la pauvreté de son vocabulaire qui se résume à: Carte d’identité svp / Oui / Non / C’est plein / T’entres pas / Parce que / Fais attention / C’est moi l’boss.
Dans le temps, à l’entrée des boîtes de nuit, le Petit Bonhomme Noir se faisait appeler le «physionomiste». Certainement trop compliqué à retenir – ça faisait quand même quatre syllabes –, il préfère désormais se présenter comme le «videur».
Pour plus de sécurité?
Malgré son brassard orange sur lequel il est écrit en caractères gras «SECURITY», le videur est généralement la personne qui provoque le plus grand sentiment d’insécurité de toute la soirée. Et pour cause! Demandez à quelques personnes bien informées, elles vous confirmeront que la longueur de son casier judiciaire n’a d’égal que le diamètre de son tour de bras. Mais finalement, c’est logique: à l’image du pompier pyromane, le videur a compris que pour qu’il y ait de l’offre, il fallait de la demande. Pas si bête au final…