S’il n’a rien à voir avec ceux de la Loire ou des mille et une nuits, le château de Raymontpierre n’a jamais été convoité par quelque roi que ce soit. Il faut monter à 935 m d’altitude, par Vermes, Rebeuvelier, le Raimeux ou autres, à pied, à cheval, en VTT ou en voiture (hélas oui) pour le dénicher, planqué au milieu de la forêt. Le château de Raymontpierre, commune de Vermes, est un but de promenade renommé surtout par ses sentiers pédestres. Joyau rénové et bien conservé, il ne peut pas être visité, c’est une propriété privée.
Un gosse de riche
Nous sommes en 1593, Georges Hugué fait un bel héritage de son père. Jacques Christophe Blarer de Wartensee règne sur l’ancien Evêché de Bâle. L’héritier Hugué décide de construire ce fameux château, avec la bénédiction du Prince-Evêque suscité, qui voit là d’un bon œil un bastion stratégique contre l’avancée de la Berne réformée, et où il pourra du même coup s’adonner la chasse. Georges Hugué, grand chasseur lui-aussi reçoit ensuite ses lettres de noblesse de la part de l’Empereur Rodolfe II et devient ainsi Chevalier de Raymontpierre. Il est aussi chargé de l’abat des arbres dont le bois alimente les fonderies épiscopales. Puis sa fille, Anna, se marie avec un Soleurois, futur banneret et avoyer, Hans Jakob von Staal, qui restera la personnalité la plus marquante de Raymontpierre, dont les armoiries ornent toujours la façade sud du Château. Il s’attira beaucoup d’ennemis dans sa ville natale pour avoir défendu une attitude hostile à la France. Voilà brièvement pour l’histoire.
Le bâtiment
Le château se compose de la maison seigneuriale, de la chapelle et des communs regroupés à l’intérieur d’une enceinte carrée, défendue aux angles par de petites tours rondes. Par sa forme, Ramontpierre se rattache à un ensemble de maisons seigneuriales contemporaines, plus axée sur le symbole de la notoriété et de la haute volée de son occupant que sur l’aspect défensif. Dans la chapelle avec ses fenêtres post-gothiques sont déposées les reliques de St-Germain et St-Randoald, fondateurs l’abbaye Moutier-Grandval. A l’intérieur de la bâtisse principale, on trouve une magnifique cuisine voûtée et la salle des chevaliers avec sa cheminée ornée des blasons des familles Hugués et de Staal. On entre dans l’enceinte par le sud à travers un portail en plein cintre, où est gravée sur la clef la date de 1596.
Le château fut par la suite propriété de la famille alsacienne d’Andlau qui possédait déjà de nombreux domaines dans l’Ancien Evêché de Bâle, qui la céda, pense-t-on, à quelque paysan de la région et connut des fortunes diverses. Il fut menacé de ruine. En 1944, après plusieurs mutations, la fabrique Dozière de Delémont en fit l’acquisition et le rénova. Ah, que voilà un beau but de promenade, avec un cervelas et une bière, puisqu’on ne peut le visiter.
Coordonnées: 47°18’54″N 7°26’54″E.