Gastronomie
La «sain» Martin

Un vieil adage populaire nous enseigne que dans le cochon, tout est bon. Et ce n’est certes pas la Confrérie des Loitche Potches qui dira le contraire. Preuve en est, l’édition 2011 de la plus prévôtoise des St-Martin pointe à nouveau le bout de son groin du côté du foyer Tornos, pour le plus grand plaisir des papilles rustiques régionales.

Par RM, le 05.12.2013 - Ed. 3

A Moutier, qui dit Loitche Potches, dit souvent gastronomie et cuisine raffinée. Par contre, qui dit St-Martin, dit plutôt ripaille, gros rouge qui tâche et accordéon.

Qui aurait pu croire que ces deux univers que d’apparence tout oppose, pourrait se réunir à Moutier, pour donner naissance à une des soirées les plus nutritionnellement festives du calendrier prévôtois.

Saint qui?

Saint-Martin est un des principaux saints de la chrétienté. Il est connu, entre autres, pour avoir coupé en deux sa cape, lors d’une nuit froide d’hiver afin de la partager avec un déshérité. Il meurt et est enterré le 11 novembre 397, date qui devient jour de la St-Martin. La coutume ajoulotte tient donc son nom, simplement du jour où elle a lieu chaque année.

Mais les raisons profondes de cette tradition sont tout autres.

En effet, le jour de la Saint-Martin représente la fin du cycle agricole annuel. Les travaux dans les champs sont terminés et c’est à cette date que se payaient les baux ruraux et que se réglaient les dettes. Toutes les récoltes rentrées, et les cochons bien gras, il était temps de bouchoyer. Une partie de l’animal était alors conservée par salaison, séchage et fumage, tandis que d’autres parties de la bête devaient être consommées tout de suite faute de moyens de conservation. De là vient le pantagruélique menu de la Saint-Martin.

C’est donc, au départ, plus un moyen de ne pas gaspiller la nourriture puisqu’on ne peut la conserver, qu’une fête proprement dit. Cela dit, les techniques de conservation se sont développées, mais on a continué à célébrer la fin des travaux agricoles annuels.

Les «potches» de Martin

On connaît leur réputation de fin gourmet, on pourrait tous citer un ou deux noms de personnes qui en font partie, … Mais qui sont réellement ces mystérieux Loitche Potches?

C’est en 1967 que quelques amis du coin décident de créer un cours de cuisine pour hommes, encadré par une maîtresse ménagère et quelques gastronomes de leur connaissance. Cette petite association, baptisée «La pâte à lever» ne tarde pas à avoir un certain succès auprès de la population. En 1983, ce petit groupe de gourmands devient officiellement la Confrérie des Loitche Potches. Leurs activités de cette époque à nos jours, se divisent en deux parties bien distinctes.

D’une part, «les paniers», repas fais par et pour les membres de la confrérie, une fois par mois, et qui se tiennent dans leur HEC, la Haute Ecole de Cuisine, à la montagne de Moutier. Et d’autre part, la participation à des manifestations publiques telles que la Braderie prévôtoise (à l’époque), Stand d’été, la St-Nicolas pour le vin chaud et bien évidemment, la St-Martin.

De quoi tenir l’hiver et plus…

Comme on ne change pas une équipe qui gagne, la 6e et désormais traditionnelle «Schweinfest» Loitche Potchienne se tiendra donc, cette année encore, le samedi 5 novembre 2011 au foyer Tornos, dès 18 h 30. Au programme des festivités, on retrouve tout ce qui a fait la légende de cette si belle tradition, soit le Totché accompagné pour la peine de son verre de blanc en apéritif, suivi de près par le bouillon, la gelée, le boudin, le bouilli, les grillades, le sorbet damassine, le rôti, la choucroute et pour finir de colmater les petits trous, la crème brûlée, pour un total de près de 3000 calories en une seule soirée. Le menu reste donc fidèle à lui-même, complet mais avec des quantités qui permettront à toutes les tailles d’estomac de passer une belle soirée.

Le seul changement à souligner cette année est le prix qui passe du classique prix cochon de 69 francs à celui de 75 francs, prix parisien ; ce qui reste, qu’on se le dise, tout à fait abordable pour dix plats.

Les sources intarissables du Petit Jurassien, racontent qu’il ne reste que quelques places à pourvoir puisque la confrérie, dans un souci de garder une qualité de cuisine et de service, limite le nombre de participants à 300 personnes par édition. On ne saurait donc que trop vous conseiller de mettre…les bouchées doubles… si vous souhaitez être de la «pork party» cette année.

Pour les moins chanceux qui n’auront pas pu s’inscrire, il reste l’option de passer boire un verre après le repas, puisqu’un bar sera ouvert à tous jusqu’à la fine pointe de l’aube.

Eh oui, passer six heures à table c’est une chose qui n’est pas donnée à tout le monde mais selon un autre vieil adage populaire: Après le porc, le réconfort!


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