Réalisé: 23 avril 2013
Durée: 42:39
Label: City Slang & Mute
Produit par: Junip
Site: www.junip.net
Junip est un trio de musique folk-à-écouter-en-fumant-un-pétard formé en 1998 à Gothenburg en Suède. Dans ses rangs, on retrouve surtout José González, chanteur-guitariste argentin-suédois à la voix tendre et plaintive, mystérieuse et dense, connu mondialement comme l’artiste solitaire qui a composé deux albums vendus à plus d’un million d’exemplaires. Sinon, il y a aussi de la percussion pour donner un rythme à la fois simple et efficace dans le style très personnel de Elias Araya et du synthé pour le côté planant à la manière 60’s de Tobias Winterkorn. C’est donc un groupe plutôt classique, mais aux compositions élaborées et ingénieusement arrangées pour le plus grand plaisir de nos oreilles. Cependant, avec un emploi du temps plus que fournit pour chacun des membres, ils ne se voient qu’à quelques reprises pour sortir en 13 ans trois EPs et deux albums seulement avec tournées mondiales à l’appuis.
Du point de vue musicale, on peut déjà souligner que Junip n’est pas du José González. D’ailleurs, j’ai même eu de la peine à reconnaître la voix, ce qui prouve que c’est bien un groupe à part entière. Eux-mêmes se classent entre du Jazz allemand et de la pop africaine, mais cela ne nous aide pas vraiment. C’est à situer plutôt entre du Sigur Rós simplifié, du Grant Lee Buffalo moins électrique et du Angus & Julia Stone plus «musique du monde». En d’autres termes, Junip nous transporte sous différents horizons mélodiques et rythmiques qui ne lassent pas, nous permet de voyager au fond de nous-même et fait ressortir nos émotions les plus secrètes.
Et en ce qui concerne cette nouvelle sortie, la pochette est moche, le logo affreux, mais les différents morceaux sont tellement bien. Heureusement, même si cela est un peu dommage, de plus qu’à l’heure actuelle et surtout dans les domaines alternatifs, le concept visuel et souvent intimement lié au côté sonore pour former un tout propre à l’identité du groupe. C’est d’autant plus étrange dans ce cas, car les deux clips qui soutiennent l’album sont vraiment intéressants. Peut-être parce qu’ils ont été produits par le déjanté Mikel Cee Karlsson et que l’histoire en deux épisodes (le premier pour le titre «Line of Fire» et le second pour «Your Life Your Call») est dérangeante, perturbante et ne laisse pas indifférent. Les personnages atypiques, en même temps tellement ordinaires et la mise en scène lente et répétitive y sont certainement pour quelque chose. L’ambiance qui ressort de ces courts métrages peint gracieusement les sonorités de cet album réussi. Tantôt complexe, il nous encourage à nous délecter de ce subtil mélange de notes et d’harmonies. Tantôt plus brut, il nous sort de l’état de torpeur dans lequel il nous plonge et agite nos sens, mais toujours de manière délicate.
Quoi de mieux que cette musique douce pour sortir paisiblement de l’état d’hibernation et passer gentiment au printemps comme pour un réveil sans contrainte après une longue sieste bien reposante? Si vous avez trouvé autre chose, s’il vous plaît, faites-moi signe, car il semble que l’hiver est loin d’être terminé!