Les métiers de l'ombre
«Il faut cultiver notre jardin»

En beuillant sur la page «T’es Moutier si…», le P’tit Ju est tombé sur un petit message sympathique, appelant à la discussion avec son prochain en cas de pépin. Il était articulé comme ceci «Il n'existe aucun règlement communal contre les tondeuses à midi?». Diantre, quelqu’un oserait–il nuire aux oreilles de nos concitoyens en plein repas? Que l’on appelle la police pour faire taire ce goujat et appliquer le règlement de la commune! Bref… en parlant de commune et de tondeuse, nous nous sommes approchés des 4 mousquetaires de la faux, des 4 as des bacs à fleurs, des 4 fantastiques de l’ébourgeonnage : les jardiniers communaux.

Par SO, le 03.06.2014 - Ed. 28

Les Daltons du bulbe

Nous avons rencontré l’un d’entre eux en particulier. Fabrice Aubry, contre-maître de l’équipe des jardiniers (il n’aime pas qu’on dise «chef», ça fait un peu trop… voilà quoi) depuis belle lurette.  Après la pause des 9 heures, il nous invite dans leurs locaux mansardés, assez accueillants il faut l’avouer. «Tout ce qui est censé être vert, appartient aux jardiniers» résume-t-il pour définir leur territoire.  De la ludothèque à l’esplanade de la collégiale en passant par le terrain de football et la place de jeu de Jolimont, c’est plus d’une centaine d’emplacements qui les occupent à longueur d’année.

Tailler, tondre, couper, planter ou désherber,  la routine n’existe pas. Les priorités sont définies selon la météo, la saison et l’appréciation du chef  euh… du contre-maître. Ce sont eux qui font naître de vives couleurs dans notre cité et arrangent les géraniums de l’hôtel de ville. Leurs esprits créatifs sont également sollicités, comme en août 2004 où ils ont reproduit le logo de «Moutier, cœur de Jura» (initiative de leur part ou recommandation appuyée, les archives n’en disent rien).  Mais bon, pour ne pas faire que dans le monde des Bisounours, c’est à eux aussi que nous devons, par exemple, la coupe des cinq marronniers de la place du marché en 2004. Je les aimais bien moi ces marronniers, il me faisait penser au préau de Titeuf.

Du Printemps à l’hiver

Nos jardiniers ne chôment pas une fois qu’un blanc manteau recouvre Moutier, bien au contraire.  Sur le qui-vive, deux d’entre eux sont de piquet pour effectuer le service de déneigement. En plein milieu de la nuit s’il le faut. Une fois les voies de communication libérées, ils entretiennent leurs machines et effectuent la taille des arbres qui le demandent.

La neige fondue et les saints glace passés, la plantation est leur principale occupation. C’est dans leur deuxième dépôt, aux Evalins, que deux paires de mains vertes s’affairent à créer les futures décorations florales dans les bacs, tandis que deux autres paires de mains se chargent des plates-bandes en bordure du Clos par exemple.

L’été n’est pas en reste. L’arrosage parcimonieux des quelques 5000 bulbes plantés quelques mois plus tôt occupent principalement les jardiniers. La tonte du terrain de foot et autres parcelles n’est pas une mince affaire surtout qu’une journée de travail est vite écoulée. Mais attention pas question de gagner du temps à des heures pas très catholiques : la tondeuse à midi c’est interdit qu’on vous a dit!

Et enfin l’automne avec ses feuilles mortes et ses marrons (y’en a moins de ceux-là depuis 2004…).  Les chanceux qui possèdent un petit terrain connaissent le bonheur du balais pour combattre l’invasion du feuillage décédé. Imaginez-vous cette tâche à l’échelle d’une ville… «Et ben Bonjour!».  Heureusement pour nos jardiniers, il y a les machines souffleuses et la «putz-mobile» qui aident pas mal.

Des racines et des haies

Vous êtes plus de 8’500 à le savoir à présent, Moutier est une ville qui bouge. Que se soit la braderie ou le vélo Trial, nos quatre hommes ne manquent pas d’imagination pour aménager les plates-bandes. Soit en choisissant des fleurs aux couleurs appropriées à l’événement soit avec de petits arbustes nains pour y inscrire le nom de la manifestation.

D’ailleurs, si vous n’êtes pas resté enfermés dans un caveau ces derniers mois, vous êtes au courant que Moutier est Ville du Goût 2014. Pour les plus attentifs, vous avez sûrement remarqué près de l’école enfantine des Oeuches une grande surface labourée. En effet, cette semaine nos Daltons à bande jaunes et réfléchissantes ont planté courges, courgettes et pommes de terre. Ce n’est pas tout, plans de tomates et courgettes prendront place dans une trentaine de bacs et six plates-bandes.  Un petit tour par la rue du Moulin, le centre-ville, l’école ménagère, la piscine ou encore le rond-point de la place du Suisse ces prochains jours pour le constater par vous-même.

Et qui sait, cela vous donnera peut-être l’envie de faire de même pour cultiver votre jardin. Ce n’est pas le P’tit Ju qui le dit, c’est Voltaire.

Nous quittons, amusés, cette joyeuse équipe qui participe jour après jour à l’embellissement de Moutier.

Quelques chiffres d’archives et d’aujourd’hui.

1986:
– 200 platanes, marronniers, bouleaux, tilleuls et autres essences. Environ 4’000 rosiers dont  1’000 dans l’espace vert de l’église.

2014:
– 154 arbres (159 si les marronniers de 2004 n’avaient pas… ) de 15 variétés et à 28 endroits différents en ville
– 850 mètres de haies
– Plus de 30’000 mètres carrés de gazon à tondre.


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