Il serait faux de réduire un fan de rock à une simple veste en jean ou en cuir, une paire de santiag ou de longs cheveux gras. Car même si de prime abord le fan de rock lambda ne paraît pas toujours très sympathique, il faut savoir que dans chaque «rocker» sommeille une sorte de petit prince (non pas le biscuit) charmant en collant moule-burnes, romantique et mielleux à souhait et prêt à tout instant à verser la larmichette. C’est ce qui explique sans doute la présence de 250 personnes ce soir-là pour écouter les tribulations de rockers au grand cœur.
1re party
En attendant les trois rock stars qui se «tapent la cloche et la mandoline» chez l’Pat du Soleil, l’organisateur, Luis «Ca-braille» a prévu pour faire patienter la foule, une petite mise en bouche musicale.
C’est à un trio régional d’ouvrir les hostilités, en acoustique bien sûr. Avec un style entre chanson française et funk-soul, le chanteur Michaël Yani et ses deux compères n’ont pas réussi à convaincre. Certes, passer en premier est toujours assez ingrat; de plus la foule est venue pour acclamer ses idoles et rien ni personne ne semble pouvoir la détourner de son objectif.
C’est au tour de Kiki Crétin, la star régionale de venir brûler les planches. Malgré un set extrêmement court (3 ou 4 morceaux), le trio de choc a eu le mérite de bouter le feu à la salle qui s’était un peu assoupie. Par ailleurs, c’est la première fois que l’ex gardien du HCA nous gratifie de quelques lignes de chant et pour tout dire c’était plutôt pas mal. Une belle surprise en tout cas. Quelques mauvaises langues diront qu’il a plus parlé que chanté mais qu’importe, la mission est remplie et la salle est prête à accueillir les trois mousquetaires du rock’n’roll.
R-ESP-ECT
Place aux légendes du hard rock, j’ai nommé Eric Singer, batteur du groupe Kiss, John Corabi, ex-chanteur de Mötley Crue et Bruce Kulick, guitariste de Kiss. Les trois virtuoses de ESP (Eric Singer Project) nous emmènent pendant plus d’une heure et demie dans leur univers parsemé des tubes qui ont fait leur légende et qui ont contribué à écrire l’histoire du rock. Avec des morceaux comme Hooligan’s Holiday, Man in the Moon ou encore Beth, les musiciens revisitent leurs plus grands succès assaisonnés à la sauce acoustique. Un moment empreint de fragilité et d’intimité si fort que chaque petite cassure dans la voix magnifique de Mister Corabi donne immédiatement la chair de poule aux quelques 250 spectateurs. Les quelques «Private Joke» que se font les trois compères sur scène, attestent de leur complicité et ajoutent encore à l’émotion ressentie. Ce qu’il en ressort au final, c’est un moment de détente, d’amitié, de bonheur et d’émotion rare. Une merveilleuse réussite.
Meet John Corabi
C’est devant une bouteille de grappa au bar du restaurant de l’Etoile à Perrefitte que l’on retrouve John Corabi après son concert, pour une interview. Malgré son look à la Jack Sparrow, le monsieur est resté très simple et apprécie encore les petits bonheurs de la vie comme de pouvoir gouter de nouvelles choses (une damassine par exemple) ou d’être bien accueilli, dans une belle région comme la nôtre, pour faire de la musique. Son charisme naturel opère et à chaque mot qu’il prononce, c’est toute l’assemblée qui est suspendue à ses lèvres. Impressionnant!
L’homme raconte ses rencontres musicales avec Steven Tyler, par exemple, chanteur du groupe Aerosmith ou encore Robert Plant, chanteur du groupe Led Zeppelin, mais aussi les artistes avec lesquels il aurait rêvé de jouer, comme les Beatles. Malgré ces 52 ans, John n’est toujours pas lassé de parcourir le monde, sa guitare en bandoulière même s’il avoue aimer autant partir en tournée que rentrer chez lui à Nashville retrouver sa femme et sa maison. Il garde une mentalité très «rock’n’roll», fait quelques excès de temps à autre mais n’est jamais irrespectueux des autres ou arrogant. Un grand Monsieur…
Malgré un concept encore peu connu dans nos contrées, la soirée a tout de même réussi à trouver son public, puisque la salle remplie. Un pari pris par l’organisateur et, pour paraphraser le Général De Gaule dans ses grandes heures, nous dirons donc: «Pari risqué, Pari culotté, Pari insensé,…mais Pari gagné!»