L'album du mois
The Fawn – C o l l e g i u m

The Fawn, collectif pluridisciplinaire, nous dévoile Collegium, une explosion atomique d’originalité, de simplicité, d’émotions, du pur bonheur, tant au niveau du concept sonore que du visuel. Une nouveauté régionale à découvrir absolument. On en parle avec Nathan Baumann, directeur artistique du projet, à qui nous remercions d’avoir répondu aux questions du P’tit Ju. Interview!

Par MWR, le 04.12.2013 - Ed. 19

 

Réalisé: 15 mai 2013
Durée: 42:53
Label: Hummus Records
Produit par: Christoph Noth 
Site: www.thefawn.ch

 

Le Petit Jurassien: T’es qui en fait?

Nathan Baumann: Alors, je veux parler de mon rôle dans The Fawn, je pense que c’est le plus simple. C’est un projet que j’ai monté il y a déjà quelque temps. En 2010, j’ai débuté en faisant des pré-productions chez moi, à travailler sur la composition, sur un type de langage, un type de répertoire. Puis j’ai fait une série d’enregistrement au Glaucal (lieu de rencontre d’un autre collectif artistique jurassien) avec de petites formations. Avec ce matériel, nous avons produits quatre disques dont un, qui s’intitule « Who’s The Fawn », exclusivement édité sur internet. C’est plus ou moins à ce moment que le projet a débuté. Nous avons travaillé ensuite avec plusieurs personnes pour former une équipe de musiciens, de graphistes, tout un tas de gens qui font de la sérigraphie ou des productions diverses. Finalement, nous nous sommes retrouvés avec une formation comptant 20 personnes environ. L’idée globale est que le travail que nous faisons est axé sur la création et nous allons toujours chercher à proposer des sessions desquelles ressortent différents types de compositions. Si on veut, Collegieum (le dernier album en date) est une composition de The Fawn, Who’s The Fawn en est une autre, il y a aussi un live que nous tournons actuellement avec Laurent Güdel (artiste et musicien jurassien) dont la finalité est de sortir une vidéo d’une performance enregistrée au Bikini Test de la Chaux-de-Fonds et nous allons aussi prochainement faire une création au Fours à Chaux à St-Ursanne. The Fawn représente tout cela. Je m’occupe de la direction artistique de ce cirque, je m’entoure de gens dont j’aime la sensibilité. J’explique à ces gens le langage, la rhétorique et le propos global du projet. J’essaie de ménager le plus d’espace possible pour chacun d’entre eux, puis ils se retrouvent complètement libre de créer.

LPJ: Peux-tu nous en dire un peu plus sur le choix de The Fawn (Le Faon) comme nom de groupe?

NB: Je voulais quelque chose qui phonétiquement et visuellement marche bien. J’ai remarqué qu’avec The Fawn, c’était le cas. Et ensuite, je voulais quelque chose de pas trop contraignant, suffisamment abstrait, suffisamment générique pour que cela puisse abriter plusieurs éléments tu vois? Je ne voulais pas que ce nom ait une connotation stylistique. Je ne voulais pas qu’il impose une manière de fonctionner. C’est un nom qui marche, tu peux t’attendre à quelqu’un tout seul, à deux personnes ou à 10 sur scène, à un truc acoustique ou alors plutôt vénère.

LPJ: Comment as-tu réuni ton monde pour ce projet?

NB: Alors je m’approche systématiquement de gens dont j’aime la sensibilité artistique ou la sensibilité tout court. Par exemple, dans le cas, d’un mec comme Laurent Güdel, je l’avais simplement entendu faire des sons sur ses synthés, ça m’a parlé et je lui ai demandé de prendre part au projet. Cela sans jamais avoir joué avec lui. Il y a d’autres personnes avec qui je joue depuis longtemps comme Luc Hess ou Louis Jucker. C’est globalement une affaire de sensibilité. Des gens avec qui j’ai des affinités. Des gens dont j’aime leur manière d’approcher les choses.

LPJ: Vous venez de sortir votre premier LP, pourquoi avoir enregistrer dans une église et pourquoi ce nom d’album «Collegium»?

NB: Nous avons décidé de travailler une composition et nous nous sommes dit que nous allions travailler avec un contexte et que la partition de cette création serait un lieu. Nous avons choisi la collégiale de St-Imier pour son atmosphère particulière, son acoustique particulière, pour son esprit et aussi parce qu’elle raconte une histoire que nous pouvions investir. Nous l’avons aussi choisi pour son magnifique orgue et pour l’espace à disposition, ce qui nous permettait de monter facilement une production. Collegium reflète le côté de collégiale qui signifie en latin la création d’un collège, en d’autres termes, la création d’une équipe de travail. Cela rejoint ce processus de composition qui est propre au collectif. L’idée était de laisser transparaître le lieu au niveau de la composition.

LPJ: Du coup, j’imagine que le processus d’enregistrement devait être assez complexe, il faut s’approprier la salle et son acoustique, comment cela s’est-il déroulé?

NB: Nous avions cinq jours à disposition pour enregistrer. Pendant deux jours, nous avons installé les micros avec Christoph Noth (ingénieur du son). Puis nous avons cherché à profiler des morceaux dans ce lieu. Nous écoutions systématiquement les prises de son pour se rendre compte du résultat par rapport aux micros et par rapport au lieu. Nous avons assez vite remarqué que jouer fort ne donnait rien. La réverbération apparaissait uniquement lorsque nous jouions doucement ou d’une certaine manière. Nous avons passé deux jours à faire de la recherche acoustique.

LPJ: Une petite anecdote sur l’enregistrement?

NB: C’est là que j’ai réalisé la portée d’un collectif et de ce que cela peut amener. C’est aussi là que j’ai réalisé que notre travail consistait à créer de réelles productions et compositions. Notamment lorsque nous avons enregistré « Queen of Rain » avec Luc Hess à la batterie. Pour être honnête, je n’avais aucune idée de ce que je voulais pour la partie rythmique, peut-être seulement un peu de cymbale. J’ai fait écouter le morceau à Luc et il m’a dit : « Je vois plutôt quelque chose du genre… », puis il a tout de suite joué la partie qui se retrouve sur le disque. Je me suis dit : « ha ouais, c’est ça la bonne idée ». C’est comme cela que j’ai remarqué qu’il faut laisser les gens jouer et que même un batteur est un compositeur à part entière.

LPJ: Concernant la pochette, pourquoi avoir choisi cette présentation (le disque est proposé dans un livret grandeur A4 sur papier spécial, rien qui puisse correspondre à une pochette de cd normale)?

NB: J’ai donné carte blanche à Gaspard de La Montagne et Jérôme Burgener qui ont bossé dessus. L’idée était de toujours ramener au centre du projet la composition qui est le lieu. Ils ont donc travaillé sur un objet qui est la restitution de ce lieu au niveau graphique. C’est-à-dire que le plan de cette collégiale apparaît systématiquement. C’est là, c’est sourd, c’est hyper présent, mais en même temps, c’est toujours de petits détails qui changent. Nous voulions être transparent vis-à-vis de notre processus de création. Il faut savoir qu’après avoir placé les micros, nous nous déplacions pour jouer avec les sons. Par exemple, pour avoir plus de réverbération, on s’éloigne du micro, pour modifier la stéréo, on se déplace à gauche ou à droite. Dans ce souci de transparence, ce qui nous a paru le plus juste était de montrer, pour chaque morceau, où étaient placés les instruments. Cela donne une partition de l’image du mixage. Il y a aussi cette idée, de la manière de créditer l’album, de ne pas préciser qui fait quoi, cela pour mettre tout le monde au même niveau. Ça me paraissait être une façon honnête de faire les choses. Au niveau de la hiérarchisation, le lieu est le plus important, vient ensuite les compositions puis les gens et en dernier, The Fawn. D’ailleurs, tu peux remarquer que le nom du collectif n’est mentionné nulle part sauf à la dernière page de cette façon: « initié par The Fawn »

LPJ: Tu en parlais en début d’interview, peux-tu nous dire plus précisément quels-sont vos projets futurs?

NB: Oui, alors il y a plusieurs projets, le 28 juin 2013, nous faisons une création de musique originale que nous allons spontanément composer au Fours-à-Chaux de St-Ursanne. Nous allons travailler sur l’espace, on sera dans le même genre de concept que Collegium, mais amplifié. Ça sera aussi une création que nous allons documenter, filmer et enregistrer, elle fera donc l’objet d’une publication future. Ensuite en automne, nous prévoyons la sortie d’une vidéo live tournée au Bikini Test de la Chaux-de-Fonds, filmée en multi caméra et enregistrée en multipiste. Cela s’appellera « Who’s The Fawn Live ». Nous allons prochainement vers de nouvelles sessions d’enregistrement au Glaucal pour un disque qui devrait sortir d’ici un an et qui réunira  beaucoup de gens, environ 15 musiciens avec en plus, certainement d’autres acteurs  pour alimenter le projet à différentes étapes de la création. Voilà un peu le programme, avec quelques dates cet automne, notamment au VNV Rock Altitude Festival au Locle.

LPJ: Un mot de la fin?

NB: Tout cela ne serait pas possible sans ces gens qui participent à ce projet et j’ai vraiment de la chance d’être aussi bien entouré.

Autant dire qu’il faudra être attentif aux moindres faits et gestes de cette formation. Voici quelques liens pour nous y aider:
-> sur Soundcloud
-> sur Facebook
-> sur Hummus Records
-> sur Youtube


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