Musique
Fait c’t’hiver mal

Quand les jours déclinent, que le soleil, de peur, courbe l’échine, que le froid et la glace reprennent leur place et que les rues de Moutier se transforment en monde parallèle peuplées d’étranges créatures chevelues et tout de noir vêtues, alors c’est qu’il est temps de saigner une fois encore des oreilles puisqu’il est de retour… Le festinfernal du Festivernal.

Par RM, le 05.12.2013 - Ed. 3

Fort de leur expérience des trois dernières éditions, les «sales gosses» du Festivernal ont remis le couvert pour une quatrième édition du plus glaciaire des festivals régionaux.

Une édition placée sous le signe de la découverte et le moins qu’on puisse dire, c’est que, malgré un manque d’affluence indéniable, les bonnes surprises ont été légion durant ces deux soirs.

Black Friday

Le premier soir du festival, traditionnellement métal, n’a pas réussi à trouver son public cette année. Avec seulement 175 personnes, la bien renommée pour l’occasion, «Societ’Hell», semblait cruellement vide pour faire face aux hurlements primaires des quelques 5 groupes qui se produisaient ce soir là.

Et pourtant, ce n’est pas faute d’avoir voulu proposer de la qualité, bien au contraire.

Avec une ouverture de soirée par les vieux de la vieille, régionaux de l’étape, Trashing Heads, venus promouvoir leur dernier EP baptisé (ou pas…) «13 years after», le ton était donné. Les Orvalois ont présenté un show tout à fait efficace et brutal. On ne demandait rien de plus.

Pour le reste, entre un passage pour le moins discret du groupe «MeAsTheDevil», un concert à la frontière du canular grotesque des genevois de «Voice of Ruin» et la présence remarquée du groupe valaisan «Eskeype», venu avec tout un fan club fort sympathique, la soirée a eu peine à décoller sur le plan musical. Cela tout en gardant une ambiance des plus festives, en partie grâce aux quantités astronomiques de bière ingurgitées par chacun. Mais «le coup de Rangers dans les valseuses» de la soirée, c’est clairement le concert des parisiens de «Ite Missa Est», venus déglutir à leur tour, avec vigueur dans le micro. Avec une dégaine à se faire nettoyer au Kärcher dans les banlieues par le petit Nicolas, on aurait pu croire à une vaste blague pour un concert métal! Que nenni! Nos chers voisins gaulois nous ont livré 1h30 de pure énergie brutale, ne laissant aucun répit à nous autres, pauvres damnées venus se perdre dans les tréfonds du purgatoire prévôtois. Que dire de plus…La messe était dite!

Le samedi c’est funky

Le deuxième soir, résolument rock’n’folk, a également réservé son lot de bonnes surprises et ce malgré la présence de 275 personnes, certes meilleure que la veille mais bien en dessous des espérances du comité.

L’auteur, compositeur, interprète biennois Micha Sportelli a la lourde tâche d’ouvrir les hostilités, chose qu’il fera avec brio malgré l’absence de son batteur, cloué au lit pour l’occasion. Avec un show très épuré et intimiste, l’artiste seelandais nous emporte dans son univers très doux et confortable. Pour un peu on aurait presque entendu des accents de l’inoubliable Jeff  Buckley dans sa voix. Un pur moment de bonheur.

La tête d’affiche de la soirée devait être les Zurichois de«My heart belong to Cecilia Winter», groupe connu et reconnu en Suisse pour son rock chic et atmosphérique mais les hasards de la programmation ont fait passer les petits garnements neuchâtelois de «Deep Kick» avant, qui ne se sont pas fait prier pour piquer la place du Calife et ce, avec raison. En effet, avec un funk-rock décapant à mi-chemin entre les Red Hot Chili Peppers et Incubus, le power trio a su conquérir le public de Moutier avec un niveau technique plus qu’irréprochable et une énergie au-dessus de tout. Ils n’ont clairement laissé que des miettes pour les groupes suivants. C’est, pour ma part et sans conteste la grande révélation suisse de cette année tous soirs confondus.

C’est sur ce bilan contrasté de 450 spectateurs sur l’ensemble du week end, que s’est achevée la 4e édition du Festivernal. Certes, les chiffres ne sont pas bons et le comité est très déçu, mais les personnes présentes ont pu apprécier un show de qualité, mêlant artistes en devenir et confirmés; tout ça pour des prix d’entrée plus que modiques et des consommations pour les plus petits budgets. Et c’est exactement la philosophie que le comité veut donner à son festival. Et en ce sens, c’est un franc succès. Vivement l’prochain!

Crédits photos © David Perreten


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