Perché à 750 m d’altitude, ce village de 70 habitants, aux frontières de Berne, Jura et Soleure, est l’endroit de la source de la Gabiare (on s’y arrête volontiers pour une anisette ou une absinthe, la température de l’eau étant idéale). Comme le village voisin d’Envelier (JU), Elay (Seehof, BE) est un hameau formé de fermes éparses sur la chaîne du Raimeux doté de paysages sauvages, hors du monde, avec une faune et une flore à l’état brut. Les accros de balade s’y promèneront de lisières en ruisseaux, de forêts en pâturages, de sommets en combes, avec de bonnes déclivités. Les pèlerins y découvriront nombre de fermes auberges, rustiques à souhait et combien de cyclistes ne se sont-ils pas forgés les cuisses sur la route Vermes-Corcelles (Béclet)?
Elay-city en bref
Certains connaissaient son étang avec pisciculture d’où le pêcheur ne rentrait jamais bredouille. Terminé maintenant, le propriétaire ne vend ses truites qu’au marché. Seule activité industrielle au village, une scierie, qui fournit en essences indigènes planches et poutres, associée à la menuiserie Welibois de Moutier. Les gosses en âge de scolarité, vu la fermeture de l’école, rejoindront désormais le syndicat scolaire du Grandval. Ils seront scolarisés en français, alors que jusqu’à présent, ils l’étaient en allemand. Depuis quelques temps, ils bénéficient de leçons dans la langue de Molière, pour favoriser leur intégration. Et leur ancienne école? Elle sera transformée et louée pour diverses activités par le conseil municipal. Au mois de juin, les anciens élèves seront convoqués pour des retrouvailles; on attend une cinquantaine de personnes. Quelqu’un de célèbre originaire d’Elay? Le maire de Delémont, ancien ministre jurassien et président du gouvernement, conseiller national: Pierre Kohler.
Coup de cœur
En redescendant en direction de Vermes, juste quelques virages après Elay, on découvre une ferme, la Rossmatt. Intrigué par de grandes sculptures en acier érigées dans le jardin (de Yannick et Alain Receveur d’Eschert), je m’y arrête, sitôt accueilli par la propriétaire, Mme Miriam Wieland. Apparemment, on se trouve dans un lieu où l’art n’est pas inconnu, et c’est plutôt surprenant de découvrir ce monde ouvert terré entre monts et vaux sauvages. Dame de goût et conviviale, bâloise d’origine, notre hôte me sert sans le savoir un de mes vins préférés (Auberson, La Neuveville) et m’explique: elle a opté pour ce coin perdu pour développer une thérapie assez inattendue, qu’elle a nommé la Résonnance. Venue d’Inde, du Tibet ou du Népal, la méthode consiste en massages sonores aux bols chantants qui sont fabriqués à partir de 5 à 15 métaux. Ils sont posés sur certaines parties corps et le praticien les frappe les uns après les autres, tout en douceur. Le son et la vibration ainsi produits traversent le corps et permettent ainsi une profonde relaxation; cela se pratique aussi dans l’eau. Et il faut croire que ces soins et ce bien-être répondent à un besoin, puisque près d’un demi-millier de personnes les connaissent déjà dans la région. L’enseigne se trouvait auparavant à la maison Wicka de Delémont.
Terre d’artiste
Si monsieur, s’occupe du bois et de son commerce, Miriam Wieland donne aussi des cours de sculpture dans son atelier d’artiste. On peut d’ailleurs admirer les siennes, faites de textiles durcis et de fort belle facture, dans son jardin. La fille, Manuella, est une photographe reconnue, spécialiste de revêtements en toiles tendues et organisatrice d’évènements sous le nom de REFLEmotion.
A voir et à découvrir dès le 8 juin, une exposition de sculptures de divers artistes et techniques à cette fameuse Rossmatt, entre Envelier et Elay. L’occasion également de découvrir un coin de pays escarpé dans une ambiance festive.