Chronique
Chic à gogo!

Il est en quelque sorte l’âme inconsciente des Prévôtois! Gardien d’un passé à présent révolu, il nous rappelle que rien n’est jamais trop vieux pour être oublié: «Le Chicago»

Par R.M., le 21.03.2014 - Ed. 11

Pour un peu, on se surprendrait à passer devant sans même plus tourner la tête, comme si ce bâtiment avait fini par faire partie intégrante du paysage prévôtois. Il était donc plus que temps que quelques passionnés de défis architecturaux s’attaquent à ce monument, afin de lui «relifter un peu la face»!

Alors, pari réussi ou verrue en plein milieu du visage prévôtois?

Un bâlois en Prévôté !

C’est le 9 mars 1875 que Monsieur Charles Kleiber voit le jour, à Bâle. Après un apprentissage chez un architecte de sa ville natale, et des études à Munich, à la Technische Hochschule durant deux ans, il revient à Bâle, avant de s’installer à Moutier en 1900. Protagoniste du «Style Suisse», il est le père de nombreuses réalisations en cité prévôtoise.

Il est habitué à travailler en collaboration avec le charpentier Hauser, également de Moutier. On leur doit la création du «Chicago» en 1903, mais pas seulement. L’école primaire en 1904, le stand en 1905, ou encore l’hôtel Suisse, également restauré dernièrement, sont des exemples du travail de l’architecte  Charles Kleiber. Son bureau d’architecture sera repris par son fils, également baptisé Charles Kleiber, en 1929. «Le Pèredu Chicago» décède à Moutier, le 22 août 1937.

Une modernité ancienne

Et qu’en est il de ce «Chicago»?

Ce nom «Chicago» lui vient de sa taille. Il faut dire qu’en 1903, à l’époque où il est construit, rares sont les bâtiments qui dépassent  2 étages. Il se démarque donc par sa hauteur imposante et revêt donc ce nom de «Chicago», en référence aux grands buildings américains.

Son allure toute particulière est directement rattachée au «Style suisse», qui est un type architectural ancré dans les traditions locales et régionales. Même si le bâtiment se veut moderne part ses infrastructures, sa hauteur et son image, il reste inspiré par une architecture traditionnelle du style «maison à colombage». C’est justement tout le paradoxe!

D’ailleurs ,«le Chicago» est pourvu de colombages au quatrième étage. Des poutres qui ne sont plus visibles aujourd’hui, du fait des nombreux rhabillages des murs, mais que l’on peut deviner grâce aux peintures qui les représentent sur la façade nord.

Il est intéressant de savoir que les couleurs et les motifs utilisés lors de la rénovation sont exactement les mêmes que ceux choisis par l’architecte lors de la construction du bâtiment. Le «Chicago» que vous admirez aujourd’hui a été rénové à partir de photos d’époque existantes et est donc extrêmement proche du «Chicago» du début du siècle.

A noter aussi que les plans d’origine du bâtiment ne coïncident pas en tous points au «Chicago» que l’on connaît aujourd’hui. Il paraît donc très probable que l’architecte a communiqué des changements de dernière minute aux artisans, en cours de projet.

Au final, une restauration réussie, du moins de l’avis du Petit Jurassien, puisque l’esprit de l’architecte prévôtois Charles Kleiber, a été respecté. Comme pour les couleurs d’un tableau qui aurait subi les outrages du temps, le travail des restaurateurs aura simplement été de lui redonner son aspect d’origine, celui de ses vingt ans!

En ce sens, c’est une belle réussite!


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