1891, sa famille déménage à Moutier, rue de la Gare, à l’endroit où se trouve actuellement la poste. A 18 ans, il obtient son diplôme de poêlier-fumiste, comme son père, après un apprentissage à Berne. Mais son intérêt prépondérant sera pour tout ce qui possède deux roues et les moteurs. Il le prouvera d’ailleurs avec une carrière de cycliste et de motocycliste, tout en devenant un pionnier de l’aviation. Mentionnons encore qu’à l’époque, les routes et les pistes d’atterrissage ne sont pas goudronnées et sont de vrais casse-gueule!
Ça pédalait dur
Entre 1899 et 1905, le jeune Henri prend part à de nombreuses courses cyclistes avec ses camarades de la société prévôtoise Le Guidon, et se fait un nom dans toute la Suisse. Les routes sont alors pierreuses et rudes, les chutes et les crevaisons nombreuses. Signalons qu’à Moutier se trouve un atelier de mécanique, tenu alors par Ulysse Balmer, qui fabrique des vélocipèdes et des motocyclettes de compétition. Il en vend environ 150 par an et emploie une vingtaine de personnes. Il est intéressant de savoir que cet atelier existe toujours, que ses fils et petits-fils l’ont exploité jusqu’en 2012, et que l’endroit est, à lui seul, un véritable musée. C’est donc sur des vélos produits à Moutier que les Cobioni, Mamie, Peterman et consorts connurent des heures de gloire.
Du vélocipède à la motocyclette
Dans la période 1904 à 1911, c’est avec un moteur aux fesses que ce fou de vitesse d’Henri Cobioni s’éclate, avec une motocyclette faite d’un cadre de vélo, un moteur intégré et bricolé par-dessus. Il participe à de nombreuses courses; par exemple, en 1904, il termine 7e d’une course internationale à Arlon, en Belgique avec sa moto Balmer, puis 7 ans plus tard, la remporte, toujours avec le même engin. Il participe au grand prix de Genève et à moult épreuves en Suisse. Il bat de nombreux records et la presse de l’époque parle de lui en termes élogieux. Il est également le représentant pour toute la région des «motorettes» Condor de Courfaivre, qu’il conduit aussi. A la suite d’un pari, il monte de Tavannes au sommet Montoz (1332 m) en 55 minutes, avec 600 m de dénivelé, sur une mauvaise charrière pierreuse et ravinée. Il est reçu en héros à la pension de la Werdtberg. Il ira même jusqu’à offrir Fr. 50.– à qui réaliserait le même exploit en une heure et quart! Certains parlaient alors, confirmé par quelque ancêtre de la région: de «rouler comme un Cobioni», devise encore usitée aujourd’hui et convertie en: «rouler comme un Fangio»!
L’aviateur fou
On est en 1908. Il épouse Anna-Fanny Bernard de Fornet-Dessous, qui lui donnera un garçon et une fille. Et c’est cette année qu’Henri Cobioni construit un petit avion à Moutier. Il est le premier constructeur d’avions en Suisse. Il trouve enfin sa voie et peut assouvir son envie de vitesse grâce aux technologies de pointe (de l’époque). L’aéroplane d’Henri Cobioni, casse-cou et passionné de mécanique, est solide et élégant. Il se distingue des autres machines à voler en ce fait qu’il est entièrement construit en tubes d’acier, ce qui lui crée parfois des problèmes au décollage. Sa surface portante mesure 24 mètres carrés et l’hélice tourne à 1400 tours minute. Les essais ne peuvent malheureusement se faire dans la région jurassienne, le terrain ne se prêtant guère à ce genre d’exercice. C’est donc à Thoune qu’il se rend, en train avec son avion démonté, sur l’Allmend. C’est là qu’il passe sa licence estampillée No 15, en 1911.
Il se déplace alors souvent à Chartres, siège d’une célèbre école d’aviation où il apprend à piloter avec un certain Roland Garros. Il se fait ensuite engager comme instructeur et pilote d’essai pour la firme De Agostini & Caproni, et s’installe en Italie, à Somma Lombardo, près de Milan. Il établit à cette époque de nombreux records de durée, d’altitude, de distance. Puis il revient en Suisse en 1912. Il participe à des meetings à Tavannes, Delémont, Lugano et bien d’autres villes. A chaque journée d’aviation, des milliers de personnes se pressent au bord des terrains. L’engouement populaire est extraordinaire et les aviateurs font rêver cette foule ébahie qui assiste aux débuts du développement de l’aviation civile.
Ce qui devait arriver…
La Chaux-de-Fonds, 15 octobre 1912, place des sports. 30’000 personnes sont réunies pour assister au meeting. Henri Cobioni décolle à bord de son Blériot, monoplan, avec à son bord un journaliste local. Mais le vol s’achève en catastrophe. L’avion décrit une boucle avant de perdre sa trajectoire et se fracasse au sol. Les deux hommes décèdent. C’est ainsi que disparaît Henri Cobioni, pilote jurassien, citoyen de Moutier, âgé de 31 ans, qui contribua grandement au développement de l’aviation européenne, au cours d’une brève et fabuleuse carrière, qu’il payera donc de sa vie. Des milliers de personnes assistent à ses obsèques, comme en témoignent les archives des journaux de l’époque.
Exposition Henri Cobioni, pionnier de l’aviation…
Cette exposition sera présentée à Moutier, du 9 au 15 juillet 2012. Le 9 juin 2012, la fête commencera par le baptême de la place de sport en stade «Henri Cobioni». La cérémonie débutera à 17 h et sera agrémentée de diverses prestations de sociétés locales et de discours officiels. Le vernissage de l’exposition aura lieu à 19 h et sera visitable dans l’aile nord de l’ancienne usine Junker, derrière le musée. Ces événements seront ouverts à tout public. De nombreux objets originaux ayant appartenu à Henri Cobioni seront présentés, et une plaquette retraçant la vie de cet attachant aventurier et casse-cou sera éditée.
Elle sera ouverte au public les mercredis, samedis et dimanche de 16 h à 19 h, ou sur demande pour les groupes et classes d’école. Elle partira ensuite pour le centre culturel «Le Royal», selon son programme, à Tavannes du 10 au 26 août, et pendant la fête des saisons, ensuite au Locle, à la médiathèque du CIFOM, du 26 octobre au 30 novembre du lundi au vendredi de 8 h à 16 h.
La population est invitée aux divers vernissages.