Quelques jours après que l’équipe réserve ait remporté le titre en 2ème ligue, c’était au tour de l’équipe fanion du Basket Club Moutier de prendre en main son destin et de couronner sa superbe saison par une victoire, synonyme de titre de champion de 1ère ligue régionale et de potentielle promotion à l’échelon supérieur. Second au terme de la saison régulière, les basketteurs du Président Bertrand «Cuisine & Confort» Zahno retrouve sur leur chemin les joueurs du ST Berne, tombeurs des impressionnants Knights de Burgdorf en demi-finale. Pour rappel, le 15 mai dernier, à Berne, les Jurassiens s’étaient imposés sur le score de 69 à 79 dans le premier acte de cette finale se jouant à la double confrontation. Un avantage de 10 points somme toute important mais très loin d’être décisif en vue de ce match retour.
Afin de s’imprégner au mieux de l’événement et de l’atmosphère entourant cette rencontre, le Petit Jurassien a eu le privilège de pouvoir suivre l’équipe comme son ombre durant cette soirée fatidique. Une exclusivité offerte à nos fidèles lecteurs, affamés de sensations et d’authenticité. Laissez-moi alors vous exposer la chronologie des faits.
L’art et la manière de bien se préparer pour la guerre
18h15 J’arrive à l’heure dans le vestiaire des joueurs prévôtois. Maillots aux crochets, shorts sur les bancs. Le quartier général de l’équipe semble fin prêt pour accueillir ceux qui, dans un peu plus de deux heures, entameront la dernière bataille de leur saison. Rien ne semble avoir été laissé au hasard. Les premiers joueurs arrivés s’équipent déjà la moindre et se rendent dans la salle, histoire de prendre leurs repères et lancer la machine en attendant leurs coéquipiers. Ils n’y sont pas seuls. De nombreux joueurs de la 2, de la 3 et des juniors ainsi que d’autres personnes du club s’attèlent déjà depuis un moment à la construction des gradins. On attend une affluence record pour cet événement, c’est pourquoi tout le monde donne un coup de main pour préparer la salle et la buvette. Une belle preuve d’implication et de solidarité. L’ambiance, sur fond musical, est plutôt décontractée. Chaque joueur «se met dedans» à sa manière. Certains en profitent pour discuter. D’autres, écouteurs dans les oreilles, fixent déjà toute leur attention sur les gestes qui leur permettront de remporter la victoire.
18h42 La bienveillante masseuse multifonctions Catherine «Cat» Zahno réunit les joueurs désireux de se détendre un peu, à l’écart, dans l’obscurité et le calme relatif de la dernière salle de la halle. Ce sont dix minutes de sophrologie que le gourou aux cheveux roux promulgue à ses disciples. Allongés sur le sol, les yeux fermés, ces derniers suivent cette voix qui dit: «Respirez par le ventre. Oxygénez bien vos muscles et votre cerveau. Libérez-vous. Visualisez la salle. Vous vous sentez bien, sereins. Rien ne saura vous détourner de votre match».
19h Les joueurs, équipés cette fois-ci pour partir au front, entonnent un cri de guerre collectif et répètent avec le coach Thierry «le Stratège» Salvi les schémas tactiques qui leur permettront notamment de déborder la défense bernoise en triangle. Tout le monde suit attentivement les instructions. Chaque détail compte. C’est alors l’occasion pour moi de questionner l’autre coach de la formation prévôtoise, Aurel «Warell J» D’Ans, spécialiste dans l’art de motiver ses troupes ainsi que dans la descente de bières. C’est d’ailleurs en costume et armé d’une canette 5dl qu’il me confie qu’entamer cette rencontre avec un avantage de dix points n’a rien de déterminant: «En basket, tout peut aller très vite. Commencer la rencontre avec cet avantage peut aussi bien être un piège si les joueurs pensent qu’ils peuvent se reposer dessus. C’est pourquoi nous nous donnerons à fond dès l’engagement et ceci jusqu’à la fin»!
19h30 L’échauffement commence à proprement parlé. A la queue leu-leu, les joueurs effectuent une mise en train atypique pour le regard du néophyte que je suis. On pourrait y reconnaitre entre autres la «défense du crabe» et le «bloc en extension de la grenouille». Certains joueurs montrent de légers signes de nervosité mais l’ambiance est familiale et la bonne humeur se lit sur les visages. On profite de bien s’alimenter. Barres protéinées au chocolat et bananes pour les joueurs. Houblon en bouteilles pour les coachs qui supervisent la manœuvre. Le coin du Fan’s Club est en place. Les «instruments de l’enfer», tambours, mégaphones et autres vuvuzelas, sont prêts à se mettre à l’œuvre. Cependant, quelque chose me frappe: «Mais où sont les Bernois»? Il suffisait de le dire et les premiers bourbines faisaient leur entrée sur scène.
20h05 A moins d’une demi-heure du coup d’envoi. L’équipe se réunit au QG et rassemble ses forces. Coach Warell recentre une dernière fois les esprits: «Faites ce que vous savez faire. Ne stressez pas. Vous raterez des shoots en attaque mais ça c’est le stress. Défendre, en revanche, vous pourrez toujours. Restez solidaires»! Alors que les joueurs regagnent la salle, de nombreux spectateurs commencent à s’agglutiner dans les tribunes. Les places assises seront très chères ce soir!!
20h35 La composition des équipes a été annoncée au micro par le Président. L’arbitre de Ligue A qui supervise cette rencontre avec son collègue donne le coup d’envoi. C’est parti! La foule est en liesse!
40 minutes pour devenir champion
Après avoir concédé le premier panier du match, les hommes menés par l’insaisissable n°4 Jean Siramy répondent comme le berger à la bergère avec un joli tir à trois points. C’est 3-2 au tableau d’affichage. Les Prévôtois ne se feront alors plus jamais passer devant par les «Géants» bernois et sa figure de proue, le ventripotent «Obélix». Le BCM est solide. Les «Defense! Defense!» entonnés par la tribune semblent être superflus. Les locaux, en noir et rouge, sont plus vifs, plus réactifs et plus combatifs si bien que le premier quart se termine sur le score de 23-16. On y ajoute volontiers les dix points acquis au match aller pour souffler un peu.
La rencontre reprend de plus belle. Après un deuxième temps mort demandé par les visiteurs, ce sont trois lancés à trois points inscrits quasiment consécutivement par Salomone, Siramy et Champion qui permettent aux chouchous du public de creuser l’écart. De quoi rentrer au vestiaire avec le sentiment de tenir le bon bout. Le tableau d’affichage indique alors 41-26 pour les locaux. De leurs côtés, les spectateurs en profitent pour aller se ravitailler à la buvette. Le concept du «tu mets l’argent que tu veux et tu prends ce que tu veux» fait un tabac! Nous ne sommes qu’à la mi-temps et les 350 bières prévues pour l’occasion ont été sifflées!! Un ravitaillement d’urgence s’organise!!!
Après la pause, le jeu reprend et donne à voir un troisième quart très équilibré entre les deux formations. De part et d’autre, on a du mal à faire trembler les filets. Vraisemblablement, les visiteurs n’ont pas encore baissé les bras. Les deux protagonistes font preuve d’une grande débauche d’énergie mais dans ce domaine ce sont les Prévôtois, équipe au complet et en pleine possession de leurs moyens, qui passent logiquement l’épaule. En effet, à la fin de la période, les premières crampes se font sentir côté bernois. A dix minutes du bonheur, on peut lire 56-42 pour les hommes du Président Zahno.
Un court interlude et nous voilà repartis cette fois-ci pour les derniers instants de cette rencontre. Il ne faudra que 2-3 minutes pour que les visiteurs lâchent prise définitivement. La fin du dernier quart offre au public ce qu’il était venu voir à savoir une pluie de paniers et la victoire du BC Moutier au bout. La partie se clôt sur le score net de 82-59 (92-59 en comptant les 10 points d’avance). Mais qu’importe. L’important était de finir champion ce qui est chose faite! Bravo les gars!!! Et Coach Salvi d’ajouter: «Au-delà de la victoire sportive, ce qui est surtout beau c’est d’avoir peut-être 300 personnes ici alors que le basket est un sport peu soutenu dans notre pays. Ça fait des années qu’on essaye de développer ça à Moutier. Maintenant le public vient à chaque match… Et surtout là… C’était magnifique.»
Et la suite alors? Promotions?
Dès la fin du match, tout le monde laisse exploser sa joie, sur l’aire de jeu comme dans les gradins. Tout le public en communion avec ces champions qui nous ont fait espérer et maintenant rêver. Le champagne coule à flot. C’est certain, ils ont bien mérité ce moment!
Quand on demande à chaud au Président Bertrand Zahno ce qu’il ressent après ces deux titres en une semaine, celui-ci répond: «D’abord, beaucoup d’émotions. De la fierté pour ces gars qui se sont donnés, qui ont bossé comme des malades, qui y sont arrivés… Avec un plaisir incroyable.» Et concernant la suite: «Voilà. Maintenant on est champion de 2ème ligue, champion de 1ère ligue régionale ce qui n’engage à rien pour la suite. Maintenant, il y aura une discussion sereine pour voir quel est l’avenir du club, quel est l’intérêt de nos deux équipes. Et surtout, quoiqu’on décide, qu’on arrive à maintenir cette ambiance incroyable! Ce sont les joueurs devant». Affaire à suivre…
Le Petit Jurassien félicite le BC Moutier et ses basketteurs pour avoir porté haut et fort les couleurs de notre belle cité. Puisse l’avenir vous être radieux. Et encore merci les gars!
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