Arrêter la guerre en soi
Depuis la fin des années 80 et le début des années 90, la Civilisation vit de profonds changements. Des forces qu’il n’est pas facile à expliquer et à comprendre sont à l’œuvre. Et depuis quelques années, ce changement effectue un saut quantique, ébranlant nos vies, créant maux et anxiétés. Prendre conscience de cette métamorphose et l’accepter, c’est faire un premier pas pour dissoudre nos inquiétudes. Cela implique une responsabilité: celle d’être attentif à ce que nos actes et nos pensées ne nourrissent pas le terrorisme en nous-mêmes. Cela commence par une vigilance quant à notre consommation médiatique, semeuse de ruine intérieure si l’on n’y prend pas garde. Car la meilleure des choses que l’on puisse faire, particulièrement en des temps difficiles, est d’arrêter le conflit en nous. Oui, arrêter la guerre en soi et permettre au monde d’être tel qu’il est. Il y a toujours eu des guerres et de la violence sur la planète et il y en aura sûrement toujours, ainsi vont les choses. Être serein vis-à-vis de cela est la meilleure des «armes» pour mener notre vie.
L’incertitude du futur
La période de troubles que vivent nos sociétés actuellement brouille fortement nos prévisions du futur. On ne sait plus bien de quoi demain sera fait et cela nous inquiète. Ces incertitudes nous touchent autant sur le plan individuel que collectif et civilisationnel. Ces craintes sont légitimes et il n’y a peut-être pas de solution à leur donner. Mais pour leur faire face, une projection à plus long terme peut nous apaiser: celle de nous dire, par exemple, que dans 1000 ans, quoi qu’il arrive, il y aura encore des hommes et des femmes sur Terre qui seront toujours là à continuer l’expérience et l’apprentissage de la vie, d’une manière ou d’une autre. C’est ainsi que cela est depuis des temps immémoriaux. L’on peut aussi prendre du recul en contemplant notre astre, Sól, Apollon, Râ, le Soleil, et être conscient que sans lui nos joies, nos peines, nos croyances, nos certitudes, nos relations, nos histoires collectives et personnelles, nos vies, n’existeraient pas.
S’ancrer dans le présent
«Et si ces choses terribles m’arrivaient à moi ou à mes proches?» La crainte du danger et de la mort peut parfois miner notre moral. Mais quoi qu’il puisse se passer au final, malgré des peurs normales et humaines, notre vie nous rappellera toujours sa réalité absolue, même au moment fatidique: le présent. Rien, en effet, n’existe en dehors de ce moment. Pas même le passé et le futur, qui sont des concepts créés dans le présent et qui n’ont, en ce sens, pas d’existence tangible. Toute crainte, même celle de la mort, est une projection mentale créée dans le présent qui concerne le futur et qui a pris sa source dans nos conceptions du passé. Réaliser cela, c’est réaliser notre responsabilité vis-à-vis de notre état intérieur que l’on vit bel et bien maintenant. Pour chacun de nous, jamais rien n’a, en effet, existé en dehors de l’ici et maintenant. Prendre conscience de cette dimension profonde de la réalité c’est faire un pas supplémentaire pour mettre fin à la guerre en soi. Voir cela, c’est se permettre d’être responsable du choix de notre nourriture mentale quotidienne. Et c’est se rendre compte de l’effet qu’elle provoque en nous.
Être juste et vivre intensément
En plus d’installer le calme en notre for intérieur, cela nous rend plus intelligent et plus juste. Et aussi nous incite à être à l’écoute, à penser mieux, à ne pas craindre de dire ce que l’on pense, à utiliser les bons mots, à être clair, à être ferme aussi, pourquoi pas à avoir une main de fer dans un gant de velours, à ne pas répéter nos erreurs, à agir juste, à cesser les querelles infantiles également, à retrouver le goût de l’essentiel surtout.
De ces temps incertains, l’avantage est que les beaux côtés de la vie sont soulignés, accentués. Par la force des choses, la vie, ce Grand Mystère, nous ramène, à un moment ou à un autre, aux profondeurs oubliées du partage, du rire, et de la sensation indescriptible de la caresse du présent. Je ne vous souhaite pas ici le gentillet « profitez du moment » qui indique que vous ayez quelque chose à consommer, ou duquel vous puissiez retirer un profit. Non, il s’agit plutôt ici d’une invitation à être profondément présent. Être présent, vivre intensément, voilà, je crois, le cadeau que l’on peut se faire les uns aux autres.
*(http://www.rts.ch/emissions/specimen/5162865-je-ne-suis-pas-raciste-mais.html)