De l’autre côté du bar
Nous trouvons des personnes ravissantes au caractère parfois bien trempé. Nous avons rarement l’occasion de discuter avec celles qui zigzaguent entre les tables pour honorer les commandes des nombreux clients aux heures chaudes. Il faut se pointer bien tôt pour profiter du calme et pouvoir échanger plus que deux mots avec nos sommelières. D’ailleurs, le soir venu, Bacchus nous ayant bien eu, c’est plutôt un regard maladroit plongé dans le décolleté que nous tentons d’avoir une discussion profonde commençant par: «Tu sais, la vie, c’est pas facile…»
Petit et grands parcours
Pour éviter la situation quelque peu gênante citée plus haut, c’est en fin d’après-midi que nous avons rencontré nos barmaids. Le premier constat, une richesse d’expériences. Certaines viennent de commencer tandis que d’autres ont plus de vingt ans dans la manipulation de la machine à pression ou encore, après une décennie à bourlinguer, elles terminent en Prévôté. A plusieurs reprises les sommelières vantent les qualités de la clientèle helvétique et ceci fait plaisir au drapeau. A comparer des … Non, ça ne se fait pas! On ne se compare pas comme ça entre voisins, surtout pas avec ceux de l’Ouest qui font cocorico!
Un pourboire pour une Psy
L’ego patriotique flatté par ces qualités (respectueux, poli, sympa), nous nous intéressons à la vision qu’elles ont de leur propre métier. Elles ont accepté de participer à un petit exercice, qui, lancé à froid, n’était pas des plus faciles: décrire leur rôle en 3 mots. Voici leurs réponses: joie, sourire, social, accueillante, à l’écoute, psychologue, connaissance des marchandises, calcul, rencontres, commercial, tolérance, rapide, vive et le caractère mieux fait que la figure. Effectivement, dans la ville, les sommelières ont un rôle particulier voire social. L’oreille à disposition, le regard neutre et le gilet pour les larmes. Ce n’est pas écrit noir sur blanc dans le contrat mais elles l’acceptent et le font. Elles ne rechignent pas à la tâche comme le ferait une fonctionnaire un poil fainéante stipulant que ce n’est pas dans son cahier des charges.
Nous, les clients
Pas tous les clients sont destinés à devenir des habitués puis des connaissances et enfin, une famille pour reprendre les mots des barmaids. Certains ont la chance de se faire accueillir par leur prénom et leur boisson préférée déjà à leur table, tandis que d’autres restent strictement professionnels: bonjour, soif, beurp, merci, au revoir, petit pourboire. Mais ce qui nous intéressait, c’était de connaître le client chiant ou tout du moins l’attitude qui dérange le plus nos sommelières. Voici une petite liste:
– Lorsqu’il passe la porte, le malaise s’installe. Le sifflet en guise de bonjour, l’arrogance dans les propos et le sentiment d’être un objet
– Celui qui est malhonnête et qui finit par boire trop
– Le dragueur, celui qui insiste trop et plombe la bonne ambiance de la soirée
– Celui qui attend que l’on soit assise pour commander alors qu’il n’a même pas terminé son verre
– L’égocentrique, celui qui estime devoir être servi avant tout le monde en insistant sur la prononciation du prénom de la serveuse
– Celui avec les mains baladeuses
– Celui qui ne peut s’exprimer qu’en étant vulgaire
Tu viens boire un verre? Y’a «insérer prénom ici» qui est de service
C’est vrai que c’est grâce au sourire de Michelle, à la bonne humeur d’Aurore, à l’énergie de Marie, à la joie de Sandrine, au professionnalisme de Valérie, à l’expérience d’Eva, à la franchise de Marjorie, au joli minois de Renée et Maeva ou encore à l’accent d’Amilia que nous nous sentons bien et que nous aimons être dans les bars et restaurants de Moutier. Même si toutes les sommelières n’ont pas pu ou voulu être dans ce papier, ce compliment est pour vous aussi. Merci, santé et à bientôt sur les terrasses de la Prévôté.
Merci Stéphane super article, même si fonctionnaire……….enfin bon! Super idée cette article. Raoul