Le funambule aux gros sabots
The Walk

Nous étions curieux de voir comment Robert Zemeckis, cinéaste de l'optimisme par excellence, allait traiter l'ambivalence du geste du funambule (jamais aussi vivant que lorsqu'il joue avec la mort). Malheureusement, le papa de «Forrest Gump» écarte le problème en décidant du supprimer la face obscure de son personnage... C'est ce qui s'appelle passer à côté de son sujet.

Par TG, le 02.11.2015 - Ed. 40

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En 1974, le funambule français Philippe Petit devient mondialement célèbre suite à sa traversée illégale entre les deux tours du World Trade Center, à plus de 500 mètres de hauteur. Voilà l’histoire vraie (comme nous l’indique le carton inaugural), qu’a choisi d’adapter Robert Zemeckis pour son 17ème film.

Après «Flight», le réalisateur de la trilogie «Retour vers le futur» et de «Forrest Gump» a donc décidé de rester dans les airs, sur le papier du moins. Car dans les faits, «The Walk» ne décolle jamais véritablement. Pire que ça, il est lesté par la prestation de Joseph Gordon-Levitt à qui on a attribué le rôle pour sa maîtrise de la langue de Molière. Or, si l’acteur parvient à mimer un accent français lorsqu’il parle anglais, son accent américain à couper au couteau élimine toute crédibilité lors des passages parlés en français. Cet artifice est d’autant plus agaçant que Robert Zemeckis justifie à intervalles réguliers son choix de faire parler son personnage majoritairement en anglais dans des séquences qui nous font toutes sortir du film – à tel point qu’on conseillerait presque d’aller voir le film en VF, c’est dire!

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À ça s’ajoute d’autres défauts: une narration irritante (Gordon-Levitt, perché sur la Statue de la liberté, nous conte l’histoire en off), un portrait de la France caricaturale et surtout, la manière avec laquelle Zemeckis écarte d’emblée le traitement de la pulsion de mort de son personnage qui constituait pourtant un beau sujet de cinéma. En effet, dès les premières secondes de «The Walk», Petit nous annonce, face caméra, qu’il ne souhaite pas entendre le mot «mort», la vie étant «trop belle». En évacuant ainsi l’élan suicidaire que représente l’exercice de funambule, le réalisateur réduit son personnage à une sorte d’illuminé béat, à la limite de la sottise et tue dans l’œuf la tension qui aurait dû animer la séquence sur le câble. Cette manière d’occulter la dimension suicidaire du geste est d’autant plus regrettable que le vrai Philippe Petit ne s’en cachait pas; dans l’excellent documentaire de James Marsh lui étant consacré («Le Funambule»), il déclarait «si je meurs, quelle belle mort!» et affirmait qu’il pensait vivre les dernières heures de sa vie. Autant de choix qui plombent le film et que quelques (rares) séquences vertigineuses ne parviennent malheureusement pas à faire oublier.

THE WALK
De Robert Zemeckis
Avec Joseph Gordon-Levitt, Charlotte Le Bon, Ben Kingsley


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